La population mondiale est en train de vivre un changement énorme qui se déroule à un rythme sans précédent. Dans de nombreux pays, la proportion de personnes âgées, généralement définies comme les personnes de 60 ans et plus, augmente de façon considérable et, selon les Nations unies, d’ici à 2050, dépassera le nombre d’enfants âgés de 15 ans et moins à l’échelle mondiale. Cette transformation démographique, due aux progrès des soins de santé et à l’amélioration des conditions de vie, s’accompagne de défis uniques liés aux violations des droits humains, à la maltraitance des personnes âgées, à l’accès insuffisant aux soins de santé et à l’exclusion sociale, ce qui souligne la nécessité de réévaluer les attitudes et les politiques sociales et gouvernementales.
La maltraitance des personnes âgées : une épidémie cachée
En 2022, l’Organisation mondiale de la santé a indiqué qu’environ une personne sur six âgée de 60 ans et plus avait subi une forme de maltraitance dans un cadre communautaire au cours de l’année précédente, et ce problème insidieux se présente sous diverses formes, de la maltraitance physique à la maltraitance émotionnelle ou psychologique, en passant par l’exploitation financière et la négligence. Cette profonde violation des droits humains porte non seulement atteinte à la dignité des personnes âgées, mais a également des conséquences désastreuses sur leur qualité de vie. Leur vulnérabilité, due à la dépendance, à l’isolement, au déclin cognitif et à la fragilité, les rend plus susceptibles d’être maltraitées et, ce qui est particulièrement affligeant, est que la maltraitance des personnes âgées se produit souvent dans la sécurité supposée du domicile de la victime ou dans des établissements de soins de longue durée.
En effet, bien que l’accès aux soins de santé soit un droit fondamental et une pierre angulaire de notre bien-être collectif, c’est surtout dans le contexte des soins de santé qu’une partie considérable de la maltraitance a lieu. Pour les personnes âgées, les obstacles à la pleine jouissance du droit aux soins de santé peuvent prendre la forme de contraintes financières, de pratiques discriminatoires et d’un manque de soins axés sur la gériatrie, ce qui a un impact non seulement sur leur santé physique, mais aussi sur leur bien-être mental et émotionnel, leur inclusion sociale et leur qualité de vie en général.
Candid, un service d’information spécialisé dans les rapports sur les entreprises à but non lucratif, indique que, d’ici à 2020, moins de 1% des fonds privés iront à des causes liées au vieillissement. Il apparaît clairement que les lacunes du cadre des droits humains semblent peser sur une part extrêmement vulnérable de la population, ce qui oblige les systèmes et les administrations à intégrer des services et des politiques spéciaux pour faciliter la croissance de communautés, d’espaces publics, de systèmes de transport et de logements adaptés à l’âge.
Inclusion sociale : Lutte contre la solitude et l’isolement
Nonobstant les obstacles purement structurels et économiques à la pleine jouissance des droits humains par les personnes âgées, l’expérience du vieillissement est également influencée par les questions liées à l’inclusion sociale, un aspect moins discuté, mais tout aussi important de la relation entre le vieillissement et les droits humains. La solitude et l’isolement social, bien que présents dans tous les groupes d’âge, peuvent avoir des conséquences désastreuses sur le bien-être mental et émotionnel des personnes âgées qui sont souvent confrontées à la perte de liens sociaux en raison de facteurs tels que la retraite, le décès de proches ou des limitations physiques qui entravent l’engagement social. L’absence d’interactions sociales peut avoir des effets néfastes sur la santé, notamment une augmentation des taux de dépression, d’anxiété et de déclin cognitif. En outre, plus les personnes âgées sont isolées, plus elles risquent d’être victimes de maltraitance, car il y a moins de personnes susceptibles d’intervenir ou d’apporter une aide. Par conséquent, l’inclusion sociale ne représente pas seulement une question d’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées , il s’agit d’un droit humain et des politiques devraient être élaborées pour favoriser la participation sociale et l’intégration dans la communauté, nourrissant ainsi un sentiment d’appartenance et d’utilité chez celleux qui sont souvent oublié.e.s par les débats politiques et les brochures des partis.
Les politiques jouent un rôle essentiel dans la sauvegarde de leurs droits et la garantie de leur bien-être. Par exemple, les gouvernements devraient élaborer et mettre en Å“uvre des programmes globaux de prévention de la maltraitance des personnes âgées qui comprennent l’éducation du public, le soutien aux soignant.e.s et l’amélioration des mécanismes de signalement.Â
Tout au long de notre vie, nous ne devons pas oublier que nous vieillissons tou.te.s et que nous aspirons tou.te.s à vieillir dans la dignité et le respect. Il est donc de notre responsabilité collective de veiller à ce que les personnes âgées bénéficient du soutien, des soins et de la protection dont elles ont besoin pour vivre leurs dernières années avec grâce et épanouissement. Pour garantir les droits humains des personnes âgées, il faut plaider en faveur du changement aux niveaux individuel, communautaire et politique. Notre monde vieillit et il nous incombe de créer une société plus inclusive et plus équitable. Alors que nous nous trouvons à l’intersection de ces questions cruciales, il ne s’agit pas seulement d’un appel à l’action, mais d’un appel à la compassion, à la compréhension et à la solidarité.