La culture du viol est une expression tirée de l’anglais rape culture. Cette expression a d’abord émergé aux États-Unis, utilisée pour la première fois dans un travail du collectif New York Radical Feminists publié en 1974, Rape: The First Sourcebook for Women. Elle est aujourd’hui répandue mondialement, notamment depuis 2017 grâce au mouvement #MeToo. Il s’agit d’un concept sociologique désignant l’ensemble des comportements qui minimisent, justifient, voire encouragent les violences sexistes et sexuelles, ou les transforment en divertissement. L’expression « culture du viol » traduit la volonté d’appréhender les violences sexistes et sexuelles comme un phénomène systémique perpétué par la société et ses institutions et non comme une fatalité résultant de plusieurs cas isolés.Â
Un phénomène ancré dans la société
La culture du viol, ce sont les publicités qui objectifient les femmes ou placent les hommes en position de domination par rapport à elles. Dans la sphère privée, on la remarque aux « blagues » sexistes peu dénoncées, mais aussi à la négligence de la notion de consentement envers son.a partenaire.
La culture du viol, c’est la remise en question d’une plainte pour agression sexuelle en questionnant la tenue de la victime ou son manque éventuel de prudence. C’est la tendance, lorsqu’une affaire est médiatisée, à s’inquiéter davantage de l’avenir de la carrière de l’agresseur que de l’avenir de la victime, qui est souvent accusée de mensonge et d’opportunisme.Â
La culture du viol, c’est justifier le fait que 98% des viols sont commis par des hommes par l’idée selon laquelle leur sexualité serait plus pulsionnelle et incontrôlable que celle des femmes. C’est penser que l’on peut être partiellement responsable des violences sexuelles que l’on a subies. C’est croire que les viols sont commis par des inconnus alors que dans la majorité des cas, la victime connaissait son agresseur.
La culture du viol, c’est le président de la République française Emmanuel Macron qui affirme que l’acteur français Gérard Depardieu rend la France fière alors même que ce dernier est accusé de viol et d’agression sexuelle par plusieurs femmes et qu’un documentaire télévisé témoigne de ses propos sexistes, et même pédopornographiques, tenus à l’égard d’une enfant à cheval. C’est l’entretien d’une atmosphère dans laquelle les coupables se sentent victimes, défendus par des tribunes, et les victimes vues comme des coupables, des menteuses, des profiteuses.
En somme, la culture du viol, c’est l’euphémisation des violences sexuelles, leur érotisation dans la culture musicale et cinématographique, et la déresponsabilisation des agresseurs. C’est près de 72 000 plaintes enregistrées par les services de police et de gendarmerie en 2021 pour des crimes et délits à caractère sexuel commis en dehors du cadre familial. Ce chiffre est d’autant plus effrayant qu’il a augmenté de 77% en cinq ans, et que moins de dix pour cent des victimes d’infractions sexuelles portent plainte selon une étude publiée en 2020.Â
Combattre la culture du viol
Combattre la culture du viol implique de lutter contre les stéréotypes qui la perpétuent. En effet, reconnaître ces idées reçues sur les violences sexuelles et savoir les définir précisément constitue un premier pas. Cela implique ensuite pour la justice et l’ensemble des institutions de soutenir les victimes, de mieux les accompagner lorsqu’elles portent plainte, et de mettre un terme à l’impunité des agresseurs. Cela revient en outre à admettre que le devoir conjugal n’existe pas. Il s’agit finalement de remplacer la culture du viol par la culture du consentement.
Dans cet article, le terme « agresseur » est utilisé au masculin et non en inclusif, car il est question des violences sexistes et sexuelles symptomatiques du patriarcat.