Aux responsables politiques libanais.es,

J’ai l’honneur de vous écrire. Je suis un étudiant français de 19 ans qui vient d’arriver au Liban pour 4 mois dans le cadre d’un semestre d’échange universitaire.

Cela fait maintenant deux semaines que je suis arrivé au Liban. Je ne suis pas libanais, mais aujourd’hui, je partage leur peine.

Je partage l’épuisement de la population libanaise quant à la situation politique, sociale et économique du pays. Au cours de ces deux semaines, certaines questions me sont venues à l’esprit du fait de mes rencontres, de ce que j’entends et observe dans les rues de Beyrouth. J’espère ainsi, en vous écrivant cette lettre, que vous puissiez, si ce n’est répondre à ces questions, au moins entendre ce que j’ai pu découvrir en arrivant au pays du Cèdre.

Comment pouvez-vous laissez vos citoyen.ne.s patienter pendant des heures, parfois la nuit, pour espérer avoir de l’essence pour leurs véhicules, bien que cela ne soit pas garanti ? Comment pouvez-vous imaginer que l’on puisse vivre, pour les plus chanceux.ses, avec seulement quelques heures d’électricité dans la journée ? Savez-vous que cette situation empêche les hôpitaux de fonctionner ? Comment pouvez-vous abandonner vos citoyen.ne.s de la sorte ?

De ce qu’on entend ailleurs, les Libanais.e.s sont résilient.e.s, ils/elles n’abandonnent jamais. Résilient.e.s, certes, mais surtout épuisé.e.s. Épuisé.e.s de vivre dans cette situation désastreuse et visiblement sans issue. Le salaire des familles libanaises perd chaque jour un peu plus de sa valeur et l’inflation galopante provoque l’écroulement du pouvoir d’achat.

Pour le peuple libanais, il me semble que l’avenir s’assombrit. Lorsque l’espoir ne suffit plus, que vous reste-t-il ? Il n’abandonnera peut-être pas, mais il est certain qu’il n’oubliera pas ce qu’il est contraint de subir. La vie continue tant bien que mal au Liban, mais pour combien de temps encore ? À chaque problème, ce n’est pas une solution, mais un nouveau problème qui apparaît.   

Enfin, la jeunesse libanaise semble chercher à tout prix à quitter le pays. Leurs rêves disparaissent peu à peu. Pourtant, l’existence du Liban est, je le crois, tributaire de leur participation et leurs opinions.

Je partage la peine de ces mères, pères et enfants du Liban. Je partage la peine de ces gens qui meurent, faute de soins, de médicaments, d’électricité. 

À vous Monsieur Macron,

Je n’ai que quelques mots qui me viennent à l’esprit, mais ceux-ci suffiront amplement, je le crois, pour saisir votre devoir. Vous avez promis d’aider la population libanaise face à cette véritable crise humanitaire. Je viens ainsi à vous pour vous rappeler cette promesse.

Vous avez promis une aide financière. Vous le dites vous-même, la crise est « le fruit de faillites individuelles et collectives et de dysfonctionnements injustifiables ». Vous attendez des réformes contre le clientélisme et la corruption qui ne viennent pas. Il me semble qu’au Liban, Monsieur Macron, la montre des dirigeant.e.s s’est arrêtée, personne ne se sent responsable de la situation. Ce sont les associations et les organisations non gouvernementales qui assurent aujourd’hui, tant bien que mal, le rôle de l’État.

Vous aurez compris la gravité de la situation d’après ce qui a été dit précédemment. Je vous parle ici de vies humaines, de vies détruites par la pauvreté, la précarité. Vous aurez sûrement lu et entendu les cris, le désespoir de ces victimes brûlées lors de l’explosion du camion-citerne à Akkar, il y a quelques semaines. C’est aussi pour elles que votre aide est indispensable.

Je ne suis qu’un simple étudiant français, mais ce que je vis et observe me fait mal au cœur quand je pense à la splendeur du Liban et de sa population.

Veuillez agréer, Monsieur le président de la République et Responsables Politiques du Liban, l’expression de mon profond respect.

Ewen Miquel

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