La mondialisation a provoqué une hausse des migrations, conduisant également à une hausse significative de l’abus des migrant.e.s en situation irrégulière, et particulièrement concernant le trafic et la traite des êtres humains. L’Asie du Sud-Est est témoin d’un fort accroissement du trafic des êtres humains cette dernière décennie, avec une estimation de 200 000 à 225 000 femmes et enfants victimes de trafic chaque année, représentant près d’un tiers du trafic mondial. En 2022, l’Asie du Sud et le centre du continent ont enregistré la prévalence la plus élevée, avec approximativement 50 millions de victimes de trafic identifiées. Ce trafic est alimenté par des facteurs interconnectés tels que les changements climatiques, la mondialisation, les conflits armés, les pandémies, et la normalisation de la brutalité, résultant en trafic sexuel et travail forcé. Malgré les efforts des ONG, organisations inter-gouvernementales et divers ministères, des obstacles persistent. Ces obstacles incluent une faible application des lois, la corruption et un soutien limité aux victimes. Ce policy brief a pour but de fournir un aperçu complet des initiatives existantes, en soulignant les lacunes dans les réponses contre le trafic et la traite d’êtres humains. À travers une analyse, cette étude contribue aux efforts continus pour combattre la traite d’êtres humains et protéger les populations qui en sont victimes en Asie.
TW : violences, violences sexuelles
INTRODUCTION
La traite des êtres humains, caractérisée en tant que formes modernes d’esclavage, persistent à travers le monde comme un fléau avec de graves et profondes implications sociales, économiques et sécuritaires. Les points d’interconnexions apportés par la mondialisation engendrent des transformations rapides de l’Asie du Sud-Est, avec des répercussions sur l’économie, la politique, la démographie et le marché du travail. Malheureusement, cette dynamique d’évolution a aussi accéléré la demande pour de la main-d’œuvre à bas prix, faisant de la région un triste épicentre pour le trafic et la traite d’êtres humains. Ces individu.e.s alors rendu.e.s en esclavage ne sont pas simplement exploité.e.s et abusé.e.s à l’intérieur de cette région, mais sont également envoyé.e.s dans différents endroits du monde, du Japon au Brésil, soulignant la nature mondiale de ce trafic illégal.
En 2021 uniquement, environ 29,3 millions de personnes vivaient en situation d’esclavage moderne en Asie et dans le Pacifique, représentant 59% du total mondial. En ajustant à la taille de la population, cette région était troisième en termes de prévalence d’esclavage moderne, avec un ratio de 6,8 personnes sur 1 000 victimes de travaux ou mariages forcés. Toutes régions comprises, l’Asie et le Pacifique avaient le deuxième plus grand nombre de mariages forcés (3,3 personnes sur 1 000) et troisième plus grand nombre de travaux forcés (3,5 sur 1 000)1. Ainsi, les travaux forcés, l’exploitation sexuelle et les mariages forcés font partie des formes omniprésentes de traite sur le continent.
La traite des êtres humains comprend un spectre d’activités abjectes, incluant le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement et la réception des individu.e.s au travers de la force, la fraude, ou la duperie, avec l’intention de les exploiter pour en tirer profit, ou pour les forcer dans divers travaux, incluant le travail du sexe2. Ce crime n’enfreint pas seulement le droit de mouvement des individu.e.s, mais représente également une grave menace contre les droits humains, la dignité, mais aussi la sécurité nationale.
Les tendances à la hausse de la traite des êtres humains en Asie de l’Est et du Pacifique mettent en exergue le besoin d’une réponse globale. Malgré différentes initiatives prises par des organisations non gouvernementales (ONG), organisations inter-gouvernementales, ministères et groupes de défense des droits humains dans des stratégies anti-trafic, ces tendances persistent. Ce policy brief offre un aperçu concis du problème en examinant ses racines, en soulignant les initiatives existantes, et en identifiant les éléments de réponses anti-trafic qui demandent à être améliorées.
PARTIE 1 – LE TRAFIC DES ÊTRES HUMAINS EN ASIE DU SUD-EST : PROBLÈMES ET CAUSES
Trafic intra-régional en Asie : un focus sur l’exploitation sexuelle
La forme de victimisation prédominante en Asie de l’Est et dans le Pacifique est celle d’exploitation sexuelle, constituant la majeure partie des cas détectés, à hauteur de 64%3.
Un problème sans frontières
Alors que les personnes réduites en esclavage sont transportées à travers le monde, leur atroce voyage se passe le plus souvent dans des conditions déplorables, avec, entre autres, des bateaux à l’espace restreint ou complètement surpeuplés. Tragiquement, des milliers de victimes succombent durant le transport.
La Chine, le Japon, la Malaisie et la Thaïlande émergent comme les principales destinations pour les trafiquant.e.s des pays voisins4, avec deux majeures régions frontalières pour le trafic d’être humains. La frontière maritime Indonésie/Singapour/Malaisie se révèle être un point particulièrement central. Face aux disparités économiques entre l’Indonésie et ses voisins plus riches, et des contrôles sociaux rigoureux à Singapour et en Malaisie, les trafiquants profitent de l’attractivité de l’industrie du sexe en Indonésie. Par conséquent, un nombre alarmant de femmes et de jeunes filles indonésiennes sont rendues victimes de trafics humains à l’intérieur du pays, pour répondre à la demande de clients venant de Singapour et de Malaisie. L’autre point majeur est la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar, où les trafiquants prospèrent. L’arrivée massive de minorités ethniques fuyant les persécutions au Myanmar les expose à une vulnérabilité accrue en raison de leur statut migratoire précaire. Cette vulnérabilité devient une cible pour les trafiquants qui cherchent à se servir de ces circonstances précaires.
Un trafic fondé sur le genre
Le trafic des êtres humains est largement reconnu comme étant une forme de violence basée sur le genre, les femmes et les enfants étant plus particulièrement à risque de se faire exploiter. Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), plus de 60% des femmes victimes de trafic et plus de 25% des filles victimes sont ciblées pour un travail qui peut être qualifié comme genré comme la garde d’enfants, les travaux domestiques ou le travail du sexe, selon les chiffres de 20215.
En 2023, le sud de l’Asie comptait pour 45% des filles mineures mariées, et était témoin du trafic et du mariage forcé de plus de 22 millions de femmes6. La montée de commissionnaires et d’agences matrimoniales illégales est intriquée dans les dynamiques géopolitiques globales, incluant la Nouvelle route de la Soie et divers projets de développement soutenus par le gouvernement chinois. Comme les connexions régionales augmentent, la portée des trafiquant.e.s augmentent également, ciblant principalement les femmes, surtout celles de minorités ethniques ou religieuses, ou de communautés appauvries. Contraintes par une éducation limitée et une possibilité d’emploi minime, ces femmes de régions éloignées succombent souvent aux agent.e.s d’arrangement de mariages. En situation coercitive, l’autonomie du corps des femmes et leurs droits reproductifs sont ignorés, exacerbant le traumatisme alors vécu.
Les enfants font aussi partie des principales victimes du trafic d’être humain. En Inde, chaque année, un million d’enfants est capturé dans les toiles de réseaux de prostitution7. Au Bangladesh, le trafic d’enfants pour l’exploitation ouvrière est invasif, ayant lieu aussi bien au sein de l’enceinte familiale que par-delà les frontières sur des réseaux bien établis. Les enfants bangladais deviennent victimes pour assouvir différents objectifs, incluant la prostitution, le travail forcé et en servitude, en tant que jockey pour chameaux, le mariage forcé ou bien pour servir dans le trafic d’organes. Les filles sont plus souvent utilisées dans ces trafics pour le travail domestique ou sexuel, alors que les garçons sont souvent envoyés dans des industries manufacturières et des ateliers clandestins en Inde ou au Pakistan. Un nombre collossal d’enfants bangladais.es victimes de trafics, à hauteur de 90% du nombre total, se retrouvent en Inde, avec les autres 10% envoyé.e.s au Pakistan et d’autres pays, notamment quelques pays du Moyen-Orient8. Dans le cas des enfants chinois.es, la majorité de ces victimes sont vendues pour servir l’industrie du sexe en Thaïlande. L’augmentation du trafic d’enfants dans ces régions est intrinsèquement lié à l’augmentation de la demande de pornographie juvénile en ligne, ce qui comprend la diffusion en direct d’abus sexuel d’enfants, une industrie immensément profitable, avec des revenus estimés entre 3 et 20 milliards de dollars chaque année9. Le Cambodge et la Thaïlande sont identifiés comme sources importantes approvisionnant ce type de pornographie10.
Le trafic sexuel
Dans le Sud-Est de l’Asie, les victimes de trafic sexuel ont un rôle crucial dans l’alimentation du tourisme du sexe, prospérant des villages reculés jusqu’au cœur des grandes villes. Le trafic sexuel, une violation aggravée des droits humains liés au genre, a des conséquences profondes, autant sur le plan individuel que sur la santé publique, servant également comme terrain fertile à la propagation du Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) dans les pays dits en voie de développement. Plus de 80% des victimes annuelles de trafic sont des jeunes filles et des femmes, incluant environ 150 000 déplacées par an à l’intérieur du pays-même ou entre pays du Sud de l’Asie, contribuant aux environ 3,9 millions de nouveaux cas de VIH en Asie11.
L’Inde et le Népal sont des destinations majeures pour les victimes forcées au travail du sexe, enlevées dans d’autres nations sud-asiatiques, avec près d’1,5 million de Népalais.es vulnérables au trafic. 60% des victimes de genre féminin dans ces réseaux de trafic en Inde sont des adolescentes ayant entre 12 et 16 ans12.
Le Cambodge, avec une industrie du sexe florissante, exporte ces victimes sur le marché régional, mais également sur les marchés internationaux, tel qu’au Japon ou en Corée. Exploitées sexuellement, beaucoup de ces victimes se prostituent à cause des salaires d’emplois alternatifs souvent sous le seuil de pauvreté. Au Cambodge, où beaucoup de salaires d’ateliers peuvent être aussi bas que 80 dollars par mois13, la prostitution devient une option intéressante. Approximativement un tiers des prostituées dans le pays, principalement vietnamiennes, ont moins de 18 ans, endurant des abus ayant des conséquences fatales dans le trafic sexuel domestique14. Des cas de tortures, tels que des chocs électriques, révèlent la sombre réalité d’une industrie fondamentalement ancrée dans une culture d’exploitation humaine.
Le travail forcé, la deuxième forme majeure de trafic d’être humain
Selon les chiffres les plus récents de l’OIT, plus de 11 millions de personnes en Asie-Pacifique sont victimes de travail forcé, représentant bien plus de la moitié du nombre estimé mondial de 22 millions de victimes15. Autrement estimé, au moins trois personnes sur 1 000 en Asie-Pacifique sont en situation de travail forcé, piégées dans des emplois dans lesquels elles ont été contraintes ou trompées et dont elles ne peuvent pas sortir. Le travail domestique, l’agriculture, la construction, la production industrielle et le divertissement figurent parmi les secteurs dans lesquels le travail forcé est le plus souvent constaté.
L’insécurité économique contraint les travailleur.se.s à accepter des emplois à haut risque ou à contracter des prêts auprès d’employeur.se.s sans scrupules, les plaçant ainsi dans des situations propices à l’exploitation, où ils sont forcés à des tâches intensives pour rembourser leurs dettes.Cela résulte en une discrimination basée sur le genre et une sous-évaluation des emplois peu qualifiés, limitant les options des femmes pour un travail décent et une migration régulière, et les conduisant souvent vers des secteurs informels moins bien rémunérés et sans protection du travail. De plus, la vulnérabilité augmente pour les migrant.e.s, confronté.e.s au risque d’exploitation, ainsi qu’à la violence sexuelle et physique en raison de la peur de la déportation, de l’isolement, des barrières linguistiques ou du manque de connaissance de leurs droits.
L’industrie thaïlandaise de la pêche est tristement célèbre pour sa forte dépendance au travail d’individu.e.s rendu.e.s en esclavage, duquel des pêcheurs victimes de la traite, principalement originaires du Myanmar et du Cambodge, endurent des conditions éprouvantes telles que le travail forcé, la torture, menant parfois jusqu’à la mort16. Des indicateurs similaires de trafic de personnes et de travail forcé sont apparus dans les flottes coréennes, taïwanaises et chinoises, attirant des équipages de divers pays d’Asie du Sud-Est, dont l’Indonésie, les Philippines, le Vietnam, le Myanmar et le Cambodge17.
Les navires indonésiens ont suscité des préoccupations, avec 71% des pêcheurs interrogés ne possédant pas de documents d’identité et plus de 88% subissant des déductions salariales substantielles et des salaires irréguliers, signes clairs de travail forcé18. Les pêcheurs indonésiens sur les navires chinois ont signalé des violences physiques, des temps de travail épuisants de 20 heures continues et une nourriture insuffisante, entraînant le départ de centaines d’entre elleux et la mort enregistrée de 12 personnes de 2019 à 2020. Certains navires en provenance de Chine, de Corée et de Taïwan retiennent les travailleur.se.s indonésiens au-delà de leurs contrats jusqu’à ce que des remplaçant.e.s soient trouvé.e.s.
En Corée du Nord, environ une personne sur dix est confrontée à l’esclavage moderne19, tandis que plus d’un million de Ouïghour.e.s et d’autres minorités, principalement musulmanes de la région du Xinjiang en Chine, sont détenu.e.s arbitrairement20.
Les facteurs impactant les victimes de la traite
Contrairement aux idées reçues, la force motrice derrière l’esclavage moderne ne repose pas uniquement sur la pauvreté absolue, mais englobe un réseau complexe de facteurs, notamment la vulnérabilité, la marginalisation et l’inégalité. Une personne vulnérable est quelqu’un qui se trouve dans une situation où elle n’a « aucune alternative véritable et acceptable autre que de subir les abus qui lui sont infligés »21.
Le changement climatique
L’intensification des typhons et d’autres catastrophes naturelles en Asie du Sud-Est, alimentée par le changement climatique, aggrave la vulnérabilité des victimes potentielles de la traite, y compris les enfants orphelins ou séparés de leur famille. 227,6 millions de personnes ont été déplacées depuis 200822. Après le passage du typhon Haiyan aux Philippines en 2013, les survivant.e.s ont été confronté.e.s à de l’exploitation en tant que domestiques, mendiant.e.s, prostitué.e.s et ouvrier.ère.s. Les migrant.e.s affecté.e.s par la sécheresse, du Cambodge à la Thaïlande, empruntent des routes périlleuses, ce qui en fait des cibles faciles pour les réseaux criminels. Cependant, malgré les preuves croissantes liant le changement climatique aux migrations forcées, le changement climatique et les catastrophes naturelles sont rarement considérés comme des facteurs contribuant à la traite des êtres humains dans les discussions mondiales ou les cadres politiques nationaux.
Le changement climatique a également un impact sur les mariages précoces des jeunes filles, souvent perçus comme une mesure « protectrice » contre les périodes de sécheresse et d’inondations23. Alors que les catastrophes naturelles déplacent les populations, avec des familles cherchant refuge dans des camps d’évacuation ou des abris temporaires, elles deviennent vulnérables à divers risques, notamment la violence sexiste. Craignant la violence sexuelle, certaines familles optent pour des mariages précoces, croyant qu’elles offrent une protection dans des circonstances difficiles plutôt que des dommages.
La mondialisation
La mondialisation est considérée comme un catalyseur de la montée de la traite des êtres humains, alimentée par des facteurs économiques qui accentuent les disparités socio-économiques. Ce phénomène mondial profite aux trafiquant.e.s en réduisant les coûts de transport, rendant les vols internationaux et les trajets en train à longue distance plus rapides et plus abordables. La facilité de gestion des activités illicites est renforcée par la corruption des fonctionnaires. La mondialisation sur Internet facilite l’exportation des femmes pour l’exploitation du travail et la prostitution, devenant des biens échangés, achetés, consommés et exploités.
L’interconnexion accrue de l’Asie en a fait un point majeur du tourisme sexuel, où les touristes étranger.ère.s et nationa.ux.les cherchent délibérément des rencontres sexuelles. L’accessibilité des voyages dans des pays comme la Thaïlande et le Cambodge, associée à des facteurs de pouvoir, de classe et de légalité, facilite l’engagement des Occidentaux.les dans le sexe tarifé. Les touristes se sentent souvent libéré.e.s des normes de leur pays d’origine à l’étranger, ce qui entraîne une augmentation des interactions avec les travailleur.se.s du sexe. Le contexte culturel et la légalité du travail sexuel dans ces pays contribuent à réduire la stigmatisation et la peur. La force du dollar dans les pays d’Asie du Sud incite d’autant plus les Occidenta.ux.les à dépenser pour des activités taboues, se sentant plus riches et plus puissant.e.s que dans leur pays d’origine. Alors que le tourisme sexuel est devenu une activité lucrative, fournissant un capital indispensable aux pays plus pauvres, il a également conduit les gouvernements à assouplir les restrictions sur la traite des êtres humains et l’industrie du sexe, entraînant une exploitation accrue des femmes vulnérables. Les connexions amplifiées par la mondialisation entre les pays asiatiques plus pauvres et les nations occidentales plus riches contribuent à une probabilité accrue que des filles et des femmes soient trafiquées d’Asie vers l’Occident.
Les conflits armés
Les Nations unies mettent en lumière le réseau complexe de dynamiques qui se déploient lors des conflits et de l’instabilité politique, alimentant une augmentation alarmante de l’activité criminelle24. Les trafiquant.e.s ciblent stratégiquement leurs victimes au sein de la vaste population déplacée par les conflits armés et les catastrophes naturelles. Dans leur quête désespérée de sécurité et de protection, ces personnes déplacées, en particulier les femmes et les jeunes filles, deviennent particulièrement vulnérables à l’exploitation. Dans cet environnement volatil, les vulnérabilités liées au genre prennent le devant de la scène, affectant particulièrement les femmes et les jeunes filles. Dans ces contextes, les familles peuvent avoir recours à des mécanismes de survie négatifs, tels que le mariage de leurs jeunes filles, pour faire face au stress économique.
Des conflits comme ceux du Myanmar et du sud des Philippines amplifient considérablement la vulnérabilité. En 2021, plus de 5 000 Rohingyas du Myanmar ont été victimes de traite ou de trafic vers différentes parties du Bangladesh, puis secourus par la police et renvoyés dans des camps de réfugié.e.s25. Pendant les conflits, les frontières deviennent des points focaux pour les activités criminelles. De nombreux centres d’escroquerie au Myanmar sont stratégiquement situés dans des zones frontalières faiblement réglementées et souvent poreuses, caractérisées par un manque de structures de répression formelles, de surveillance et de responsabilité26. Les trafiquant.e.s exploitent également les minorités ethniques affectées par les conflits internes au Myanmar. Les femmes Karen, Shan, Akha et Lahu sont victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle en Thaïlande, tandis que les femmes Kachin sont vendues comme épouses en Chine27. L’impact des conflits armés est particulièrement grave sur les enfants, comme l’ont documenté les Nations unies, avec des cas de groupes armés aux Philippines, y compris les rebelles Moro et les communistes, recrutant des enfants à la fois pour des rôles de combat et non-combattant.e.s, parfois par la force28.
La pandémie du COVID-19
La pandémie de Covid-19 a non seulement intensifié les difficultés financières dans toute l’Asie du Sud-Est, mais elle a également créé un environnement propice aux trafiquant.e.s pour exploiter les vulnérabilités liées au genre.
Malgré les perturbations des opérations de traite traditionnelles pendant les mesures de quarantaine, on a observé une augmentation significative de l’exploitation en ligne et de la traite des êtres humains dans toute la région. Les trafiquant.e.s se sont adapté.e.s aux progrès technologiques durant la pandémie, aggravant les abus des droits humains motivés par le profit et minimisant les risques de détection29. Les Philippines, centre historique de l’exploitation sexuelle en ligne des enfants, ont connu une recrudescence des abus pendant les confinements liés à la pandémie du Covid. De mars à mai 2020, le Bureau de la cybercriminalité du Département de la Justice des États-Unis a signalé une augmentation de 264% des signalements en ligne liés à l’exploitation sexuelle des enfants par rapport à 201930. Le problème persiste en raison des services de protection et juridiques inadéquats pour les jeunes filles contre les abus en ligne, ce qui nécessite une attention particulière pour renforcer la littératie numérique, la sécurité en ligne et l’accès à des ressources de protection adaptées à leurs vulnérabilités spécifiques au genre.
Les conséquences économiques de la pandémie ont accru la vulnérabilité des femmes à la traite des êtres humains dans la région. Au Cambodge, où les femmes représentent 80% de la main-d’œuvre de l’industrie du vêtement, la prévalence des contrats à durée déterminée accroît la précarité de l’emploi, amplifiant le déséquilibre de pouvoir entre employeurs masculins et employées féminines31. Ce déséquilibre, combiné aux incertitudes économiques, crée un environnement propice à l’exploitation, piégeant les femmes dans des situations abusives avec peu de recours possibles.
Un rapport de l’ONU de 2023 met en lumière un changement distinctif dans la récente augmentation de la traite des êtres humains en Asie du Sud-Est en raison de la pandémie32. Contrairement aux schémas historiques de flux de citoyen.ne.s non éduqué.e.s pour le travail forcé, l’industrie actuelle, qui vaut plusieurs milliards de dollars, voit l’arrivée de citoyen.ne.s étranger.ère.s, certain.e.s éduqué.e.s avec des diplômes professionnels. Les victimes, recrutées sous le prétexte d’opportunités d’emploi légitimes, sont confrontées à la torture et à l’extorsion si elles ne se conforment pas ou n’atteignent pas les objectifs de revenus, ce qui entraîne une dette accrue lorsqu’elles sont vendues à de nouveaux ravisseur.se.s. Ce paradigme en évolution accroît le risque pour les femmes éduquées, car les trafiquant.e.s exploitent leurs aspirations à de meilleures opportunités et ambitions éducatives, en utilisant leur désir de croissance professionnelle contre elles.
PARTIE 2 – DÉFIS DANS LES CADRES JURIDIQUES DE LUTTE CONTRE LA TRAITE DES ÊTRES HUMAINS
Les faiblesses dans le renforcement de la loi
Des défis significatifs persistent, notamment le manque d’informations précises sur l’ampleur de la traite, ce qui entrave la mesure de l’efficacité des politiques de lutte contre la traite. L’écart entre les cadres juridiques et leur application au niveau national pose problème. Malgré une volonté politique, les agences chargées de l’application de la loi manquent de compétences, de connaissances et des ressources nécessaires pour faire face aux complexités évolutives de la traite des êtres humains. Des lacunes persistent dans la documentation, la recherche et l’analyse. Les gouvernements ne disposent pas d’un enregistrement centralisé ou d’une base de données des enquêtes et des procédures judiciaires, ce qui empêche une collecte de données complète sur le respect de l’application de la loi.
Par exemple, la Thaïlande, classée au niveau 2 par le Département d’État américain pour la traite des êtres humains, a déployé des efforts accrus pour lutter contre la traite, mais n’a pas atteint les normes minimales33. Des défis persistent, notamment en ce qui concerne les pratiques incohérentes d’identification des victimes lors des inspections du travail, en laissant de nombreuses victimes, particulièrement celles en situation de travail forcé, non identifiées. Le gouvernement a été critiqué pour ne pas protéger suffisamment les victimes impliquées dans des opérations de cyber-escroquerie à l’étranger, ne les reconnaissant souvent pas comme des victimes de traite et les détenant. De plus, malgré les efforts pour former plus de 48 000 travailleur.se.s de la pêche sur les droits et la traite, une éducation insuffisante pour les employeur.se.s dans les secteurs vulnérables persiste34.
Le Cambodge, classé au niveau 3, ne parvient pas non plus à atteindre les normes minimales pour éliminer la traite, montrant des efforts limités en matière de capacité de lutte contre la traite35. En effet, certaines mesures ont été prises, telles qu’une augmentation des enquêtes, des poursuites et des condamnations des trafiquant.e.s. Un groupe de travail spécial a été formé pour lutter contre les opérations de cyber-escroquerie à grande échelle liées à des indicateurs de travail forcé, et plus de victimes cambodgiennes de la traite ont été identifiées et bénéficient de services. Cependant, des défis persistent, comme le révèle l’évaluation à mi-parcours du Plan d’action national 2019-2023, mettant en lumière des problèmes tels que le manque de coordination, de ressources et de chevauchement des responsabilités tant au niveau sous-national que national. Le ministère du Travail et de la Formation professionnelle (MOLVT) maintient un plan d’action pour réduire le travail des enfants d’ici à 2025, mais les responsables ont nié son existence dans l’industrie de la brique malgré 400 inspections en 2022, qui n’ont pas permis d’identifier des victimes de traite ou des enfants vulnérables, contrairement à 350 cas signalés en 2021. De plus, la loi de 2008 sur la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation sexuelle commerciale a criminalisé la traite des êtres humains et le travail des enfants, avec des peines allant de sept à 15 ans pour les infractions impliquant des victimes adultes et de 15 à 20 ans pour celles impliquant des victimes mineures. Cependant, les ONG ont rapporté que le gouvernement, en pratique, imposait des amendes et de courtes peines de prison de six jours à un mois en vertu du droit du travail pour les trafiquant.e.s de main-d’œuvre, sans dissuader les crimes futurs ou rendre justice aux victimes.
De plus, la protection des travailleur.se.s étranger.ère.s contre la traite des êtres humains en Asie est souvent inadéquate. Les autorités n’orientent pas les victimes étrangères potentielles vers des services, préférant sanctionner ces victimes pour les crimes commis pendant qu’elles étaient victimes de traite. Cela entraîne une détention indéfinie jusqu’à ce qu’elles paient des pots-de-vin pour être libérées ou que leur ambassade finance leur expulsion. En Corée du Sud, le système juridique peine à réglementer les travailleuses du sexe étrangères, entraînant une « double illégalité » pour ces femmes. Des directives émises en 2016 pour identifier les victimes de la traite sexuelle existent, mais l’exploitation du travail reste sous-réglementée36. Ainsi, il existe une absence de mesures efficaces d’identification, de poursuite et de prévention pour protéger les victimes contre une gamme de menaces, y compris celles émanant de l’État.
En effet, certaines politiques peuvent avoir des effets néfastes sur les problèmes de traite des êtres humains. La politique de l’enfant unique en Chine, par exemple, a entraîné un déséquilibre entre les sexes, laissant de nombreux hommes incapables de trouver des épouses. Par conséquent, certains se sont tournés vers le commerce du sexe en Asie du Sud, payant des sommes importantes pour des épouses, souvent originaires de pays plus pauvres comme le Myanmar. De nombreuses femmes ont été contraintes, enlevées ou trompées dans ce commerce37. Après avoir donné naissance à un fils, elles étaient exploitées et souvent contraintes de renoncer à leur relation avec l’enfant avant de quitter la Chine38. De plus, en atteignant la frontière, beaucoup étaient détenues pour des infractions à l’immigration. Cela illustre les graves conséquences des politiques qui manquent de recherche approfondie et de réflexion attentive.
Les politiques d’immigration accroissent les risques de traite des êtres humains en Asie de l’Est, en particulier pour les travailleur.se.s migrant.se.s sans papiers. En Thaïlande, des facteurs tels que la pauvreté ou l’analphabétisme peuvent entraîner des naissances non enregistrées, entraînant un manque de documentation légale39. Cela entrave l’accès à l’emploi formel, rendant les individu.e.s plus susceptibles d’être exploité.e.s par des employeur.se.s ou des agent.e.s d’emploi peu scrupuleux.ses, car iels n’auront pas la possibilité de changer facilement d’employeur.se.
Enfin, il existe d’autres facteurs issus des États qui contribuent à la traite des êtres humains. Le sous-emploi, la pauvreté et l’éducation limitée accroissent la vulnérabilité, augmentant la probabilité que des individu.e.s tombent entre les mains des trafiquant.e.s. Dans des régions comme le Vietnam, les enfants issus de familles pauvres, liées à des terres peu productives, luttent pour échapper à la pauvreté en raison du manque de compétences et d’opportunités d’emploi alternatives, les exposant ainsi à un risque élevé de traite40. Enfin, aborder les normes culturelles dans des pays comme la Thaïlande et l’Inde, où l’utilisation de prostituées ou le maintien de maîtresses comme « petites épouses » est accepté, est crucial41. Cette acceptation culturelle contribue à une forte demande de femmes et d’enfants dans l’industrie du sexe. Les pratiques traditionnelles, telles que l’envoi de filles pour travailler comme prostituées ou par des familles, comme la mise aux enchères de la virginité des filles (vendue pour 150 dollars américains)42, perpétuent des situations d’exploitation. Alors que les efforts actuels visent à criminaliser les trafiquant.e.s, il est reconnu qu’il est nécessaire d’accroître l’attention portée à la prévention et à la protection des victimes.
Les dynamiques interconnectées de la corruption et de la traite des êtres humains
La traite des êtres humains est très lucrative. Par exemple, les employeur.se.s de prostitué.e.s au Vietnam réalisent des profits substantiels, allant jusqu’à 2 000 dollars par mois, en contraste significatif avec le revenu annuel moyen par habitant.e du pays, qui n’est que de 300 dollars43. De tels revenus peuvent facilement attirer des agent.e.s corrompu.e.s.
La corruption et la complicité officielle dans les crimes de traite, y compris de la part de haut.e.s responsables, restent répandues et endémiques, affectant l’efficacité de l’application de la loi. Les autorités n’ont pas réussi à enquêter sur les fonctionnaires impliqués dans des rapports crédibles de complicité, en particulier avec des propriétaires d’entreprises sans scrupules impliqués dans la traite des êtres humains à travers le pays. La recherche de l’UNODC en 2023 affirme que la corruption n’est pas seulement un facilitateur, mais un composant indissociable de la traite des êtres humains et du trafic de migrant.e.s en Asie du Sud-Est, affirmant que ces crimes sont impossibles sans corruption44.
Les fonctionnaires publics, y compris les agent.e.s chargé.e.s de l’application de la loi, les fonctionnaires de l’immigration, les inspecteur.rice.s du travail, les gardes-frontières et les procureur.e.s, ainsi que des individu.e.s du secteur privé tels que les recruteur.se.s de main-d’œuvre, les employé.e.s d’aéroport et les fournisseurs de logements jouent souvent un rôle de facilitateur.rice.s dans les activités de trafic et de traite. Les individu.e.s corrompu.e.s s’engagent dans diverses actions illicites tout au long du processus, depuis le recrutement d’individu.e.s dans des schémas de traite jusqu’à laisser passer des documents frauduleux aux contrôles de l’immigration et accepter des pots-de-vin pour des passages de frontière sans documentation adéquate. Les répercussions de cette corruption vont au-delà de la simple facilitation, car elle affaiblit les contrôles globaux, entrave les enquêtes et les poursuites, et entrave une protection efficace pour les personnes victimes de traite des êtres humains.
Le haut niveau d’impunité dont jouissent les trafiquant.e.s et les passeur.se.s est largement attribué à la corruption, ce qui entraîne un succès minimal dans la poursuite de ces crimes. Les États hésitent souvent à s’attaquer directement aux intérêts économiques et politiques lorsqu’ils luttent contre l’esclavage moderne, malgré les conventions sur le travail forcé de l’Organisation internationale du travail (OIT) largement ratifiées. Environ 10% du travail forcé est attribué aux États ou à des groupes armés politiquement motivés45. Par exemple, la République populaire démocratique de Corée a fait l’objet de préoccupations répétées de la part des organes des Nations unies pour avoir pratiqué l’esclavage, en contraignant les citoyen.ne.s à travailler dans des prisons et des chantiers à l’étranger dans lequel une partie substantielle de leur salaire est confisquée46. De plus, dans plusieurs pays de la Grande Région du Mékong, des membres de la police et de l’armée sont impliqués dans la traite des enfants et la prostitution, possédant parfois des établissements de prostitution et profitant de ces activités illicites. Dans un cas de 2016, des fonctionnaires de l’application de la loi et de l’armée ont été accusés d’intercepter des bateaux transportant des Rohingyas clandestins, puis de les remettre à des trafiquant.e.s47. De nombreuses victimes ont été forcées de travailler sur des navires de pêche thaïlandais. Les trafiquant.e.s auraient payé des fonctionnaires en échange de l’interception et de la remise des bateaux de contrebande, et certaines victimes ont été retirées des centres de détention pour l’immigration et transférées à des trafiquant.e.s.
Paradoxalement, la présence de la corruption peut stimuler la traite des êtres humains, exploitant des individu.e.s cherchant à échapper à des zones affectées par la corruption dans leurs circonstances politiques, sociales ou économiques. Les trafiquant.e.s utilisent la perception de la corruption comme un outil pour recruter et manipuler des individu.e.s vulnérables.
Services de soutien limités et protection pour les victimes
La traite des êtres humains est un problème de grave préoccupation de santé publique mondiale. Le traumatisme incessant vécu par les victimes de la traite a un impact significatif sur leur santé mentale, entraînant des symptômes tels que le trouble de stress post-traumatique, l’anxiété, la dépression, l’aliénation et la désorientation. Les victimes présentent souvent une tristesse extrême, un désespoir, des pensées suicidaires, des troubles cognitifs et des pertes de mémoire. Des difficultés de concentration, de l’agressivité et de la colère peuvent également survenir48. Des études montrent que le traumatisme s’aggrave au fil de la période de traite, avec des effets persistants à moins que des soutiens appropriés et un accompagnement ne soient fournis. Les abus physiques de la part des client.e.s et des employeur.se.s comprennent les passages à tabac, la strangulation, les coups de ceinture, de câble ou de brique, et les coups de couteau. L’initiation à la traite sexuelle implique souvent un viol, parfois par plusieurs agresseur.se.s, et peut être précédée d’administration de drogues.
À titre d’exemple, la Commission nationale des droits de l’Homme de Thaïlande a documenté l’impact de la traite sur environ 100 pêcheurs. Après trois ans d’exploitation, 39 étaient décédés, et ceux qui étaient rentrés chez eux étaient gravement malades, amaigris, émotionnellement perturbés et présentant une vision, une audition et une mobilité altérées49.
Le VIH est également une préoccupation réelle en Asie du Sud, avec environ 3,9 millions de personnes vivant avec le VIH en Asie du Sud-Est en 2022, les femmes représentant 37% du total50. Des pays comme l’Inde, l’Indonésie, le Myanmar, le Népal et la Thaïlande ont les taux d’infection par le VIH les plus élevés51. Les obstacles structurels dans certains pays, tels que l’accès limité à la contraception et aux services de santé sexuelle, affectent particulièrement les groupes vulnérables tels que les femmes birmanes travaillant dans l’industrie du sexe en Thaïlande, souvent dans des situations illégales et de servitude pour dette. Ces obstacles entraînent des conséquences telles que le manque de soins, le traitement tardif, les avortements septiques et les infections non traitées, entraînant des complications chroniques. Les travailleuses du sexe birmanes victimes de la traite en Thaïlande présentent des taux de VIH deux à trois fois plus élevés que les travailleuses du sexe thaïlandaises travaillant volontairement dans l’industrie52. De plus, les personnes séropositives, lorsque cela est découvert, peuvent être expulsées de certains États, et la propagation délibérée du VIH a été criminalisée dans certains pays, exacerbant les défis auxquels sont confrontées les femmes ayant un contrôle limité sur leur vie sexuelle.
Les victimes de la traite rencontrent d’autres défis multiples. Premièrement, malgré l’illégalité de la prostitution en Thaïlande, en Chine et en Birmanie, les travailleur.se.s du sexe, qu’iels soient victimes de la traite ou non, font régulièrement face au harcèlement de la part de la police régionale et des agences de sécurité53. Les travailleur.se.s du sexe birman.e.s en Thaïlande sont fréquemment arrêté.e.s lors de descentes initiées par les propriétaires de maisons closes lorsque les travailleur.se.s ont remboursé leur dette et devraient commencer à recevoir un salaire. La police thaïlandaise, avec un accès gratuit aux lieux de sexe, rend les travailleur.se.s du sexe victimes de la traite très susceptibles de subir des violations de leurs droits et des menaces pour leur santé. La peur de la police et les pots-de-vin associés dissuadent les travailleur.se.s du sexe de rechercher les soins de santé nécessaires, entraînant des retards dans le traitement.
Deuxièmement, le rapatriement des personnes victimes de la traite présente des défis uniques. Les femmes issues de l’industrie du sexe peuvent être confrontées à de graves stigmatisations sociales et familiales, malgré le fait d’être des victimes54. Le processus de réintégration est complexe, sans récupération garantie, car certaines peuvent avoir du mal à se réadapter à un mode de vie « normal ». Même si elles sont employées, les défis comportementaux dus au traumatisme peuvent entraver un travail soutenu. Le retour au lieu d’origine signifie souvent faire face aux mêmes problèmes qui ont conduit à la migration initiale, le chômage, les abus et la discrimination, aggravés par de nouvelles stigmatisations. Pour celles atteintes du VIH, un rapatriement sans protection et sans soins médicaux peut aggraver leur situation.
Enfin, l’application de la loi en matière de santé présente des limites notables. Dans certains pays, les systèmes de police restent étroitement liés à la politique, ce qui rend moins possible la décentralisation pratique des forces de police vers les communautés. De plus, l’établissement de partenariats entre la police, la santé publique et les secteurs communautaires est difficile en raison du manque de confiance dans l’application de la loi dans certaines régions. Néanmoins, des ressources insuffisantes peuvent entraver la coopération, surtout dans les pays en développement et les pays sous-développés. La mise en œuvre de programmes de diversion, par exemple, devient difficile sans des services adéquats pour écarter les individu.e.s du système de justice pénale. De plus, le manque de ressources, en particulier du côté de la santé publique, entrave l’exploration des approches basées sur la technologie pour aborder les problèmes. Enfin, la rareté des ressources et de la formation pour les praticiens constitue un obstacle. Des recherches supplémentaires sont essentielles pour développer des approches efficaces pour chaque pays, et formuler des lignes directrices pour les praticiens de l’application de la loi et de la santé publique afin de promouvoir les soins de santé et de prévenir la criminalité dans la région.
PARTIE 3 – DES STRATÉGIES POUR LUTTER CONTRE LA TRAITE DES ÊTRES HUMAINS
Des mesures globales
Les instruments relatifs à la traite des êtres humains ont des racines historiques, qui remontent à l’abolition de l’esclavage. Parmi eux, on peut citer la Convention relative à l’esclavage (1926) et la Convention supplémentaire relative à l’abolition de l’esclavage, de la traite des esclaves et des pratiques analogues à l’esclavage (1956). Les cadres juridiques internationaux, notamment la Déclaration universelle des droits de l’Homme (1948), les Pactes internationaux relatifs aux droits civils et politiques (1966), la Convention des Nations unies pour la représentation de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui (1949) et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979), ont également contribué aux efforts contemporains visant à éliminer la traite des êtres humains.
Deux accords internationaux clés considèrent la traite des êtres humains comme un crime transnational : la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée et le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, également connu sous le nom de Protocole de Palerme. Ce dernier classe l’infraction en trois catégories : l’acte (le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement et l’accueil de personnes), les moyens (la force, la coercition, l’enlèvement et la tromperie), et le but (la prostitution, le travail forcé, l’esclavage et le prélèvement d’organes). La protection des frontières, qui met l’accent sur le contrôle de l’immigration clandestine, est au cœur des efforts de lutte contre la traite des êtres humains. L’article 11 du protocole de Palerme oblige les États à renforcer les contrôles aux frontières pour détecter et prévenir la traite des êtres humains, la législation empêchant les transporteurs commerciaux d’êtres utilisés à de telles fins55. Plus spécifiquement, l’article 6 souligne l’importance des approches sensibles au genre, tandis que l’article 7 prévoit l’élaboration de lois nationales mettant l’accent sur la protection, la réhabilitation et l’autonomisation des femmes et des enfants victimes.
Si le Protocole relatif à la traite des êtres humains constitue le principal instrument international, plusieurs autres instruments sont pertinents pour prévenir les violations des droits humains résultant de la traite des êtres humains. Il s’agit notamment de la Convention relative aux droits de l’enfant et de ses deux Protocoles facultatifs. Le premier protocole traite de l’implication des enfants dans les conflits militaires. Le second porte sur la vente d’enfants, la prostitution et pornographie enfantines et le travail des enfants, obligeant les États à protéger les droits et les intérêts des enfants victimes dans ces contextes. En outre, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes est un autre document essentiel dans ce contexte.
L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) élabore actuellement des supports de formation destinés aux services répressifs afin de lutter contre la traite des êtres humains et le trafic transfrontalier de migrant.e.s. Ce matériel met l’accent sur la coopération internationale et les approches globales pour éviter que les réponses apportées ne créent par inadvertance de nouveaux itinéraires pour les criminel.le.s impliqué.e.s dans ces activités. L’ONUDC a soutenu les communautés rurales et isolées d’Asie du Sud-Est touchées par le trafic illicite en leur offrant des moyens de subsistance durables et en améliorant l’accès à l’éducation, aux soins de santé et aux infrastructures56. En outre, l’ONUDC soutient l’application de la loi dans les zones frontalières et rurales, en établissant des Bureaux de liaisons frontaliers (BLF) dans la région du Grand Mékong (GMS)57. L’ONUDC a également aidé l’Inde en créant des unités de lutte contre la traite des êtres humains (AHTU) en 2006, opérant dans les 225 districts sur plus de 60058. Enfin, l’ONUDC lutte activement contre la traite des êtres humains fondée sur le genre en collaboration avec ONU Femmes, l’UNICEF et d’autres agences. Une plateforme commune, élaborée avec des parties prenantes telles que les gouvernements, la société civile et les donateur.rice.s, vise à souligner l’importance de la lutte contre la traite des personnes. Elle cherche des partenariats en vue d’une programmation et d’un financement coordonnés. En outre, l’ONUDC s’est associé à l’Union européenne (UE) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) dans le cadre d’initiatives de lutte contre la traite des êtres humains.
Les gouvernements, les organisations internationales et les ONG ont reconnu la nécessité de stratégies régionales et subrégionales afin de combattre la traite. Cela a également conduit à de nombreux programmes, notamment ceux de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH), et le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), qui s’attaquent spécifiquement à l’exploitation du travail et à la traite des êtres humains.
Enfin, l’évaluation du jugement clinique (ECJ) contribue également à améliorer l’efficacité des mesures de lutte contre la traite en soulignant l’importance de l’éducation59. Elle recommande des programmes d’éducation et de formation ciblés pour les fonctionnaires, notamment ceux chargés du contrôle des frontières, de l’application de la loi, les inspecteur.rice.s du travail et les magistrat.e.s. L’ECJ plaide également en faveur d’efforts de collaboration entre les États tant sur le plan bilatéral que multilatéral afin de renforcer la lutte collective contre la traite des êtres humains.
Actions régionales pour combattre la traite des êtres humains en Asie du Sud-Est
En plus des cadres juridiques mondiaux, l’Asie du Sud-Est a adopté la Convention de l’ASEAN contre la traite des personnes, spécialement les femmes et les enfants, en 2015. Au niveau sous-régional, l’Initiative ministérielle coordonnée du Mékong contre la traite, en étroite collaboration avec le Protocole de Palerme, a stimulé des accords bilatéraux pour une coopération renforcée dans la région du Grand Mékong60. Au-delà de l’Asie du Sud-Est, le processus de Bali, initié en 2002, sert de plateforme aux pays d’Asie-Pacifique pour engager le dialogue, sensibiliser et renforcer les capacités à lutter contre le trafic d’êtres humains, la traite et la criminalité transnationale. Reconnaissant la nature transnationale de la traite des êtres humains, les régimes internationaux et régionaux encouragent le partage d’informations, la coordination des politiques, la criminalisation de la traite, l’entraide judiciaire mutuelle, la protection des victimes et la poursuite des délinquants.
Plusieurs protocoles régionaux ont été mis en œuvre pour lutter contre la traite des êtres humains. L’Association sud-asiatique de coopération régionale (SAARC) se concentre principalement sur la traite des femmes en Asie du Sud. Composée de huit États membres et de neuf observateurs, y compris des partenariats clés avec des agences des Nations unies comme l’ONUDC, la SAARC s’attaque aux défis de la traite dans la région.
À Hong Kong, le plan d’action de mars 2018 pour lutter contre la traite des êtres humains et améliorer la protection des aides domestiques étrangères introduit une stratégie globale englobant l’identification des victimes, l’enquête, l’application de la loi, la poursuite, la protection, la prévention et la collaboration avec diverses parties prenantes61.
Le Japon, l’Australie, le Canada, les États-Unis et l’Union européenne sont les principales nations qui s’attaquent à la traite dans le contexte de la migration irrégulière62. L’Australie fait appel à des agents de liaison des compagnies aériennes et à la surveillance côtière pour lutter contre l’entrée illégale. Le Japon s’attaque à l’immigration illégale par des efforts de collaboration et des mesures législatives, y compris la criminalisation de l’entrée illégale et le ciblage de la prostitution et de la pornographie des enfants. Les États-Unis participent activement à une initiative mondiale de lutte contre la traite, comme en témoigne un projet de loi crucial de 2000 protégeant les victimes étrangères dans le commerce du sexe aux États-Unis, et promeuvent la collaboration internationale par le biais d’initiatives telle que la mise en œuvre du plan d’action de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Plus précisément, l’UE exprime sa préoccupation croissante au sujet de la traite au sein de ses États membres.
L’UE soutient activement la lutte contre le trafic d’êtres humains en s’attaquant au problème à la source dans certains pays asiatiques. Notamment, le gouvernement philippin, depuis les années 1970, a mis l’accent sur l’exportation de main-d’œuvre pour soutenir ses déficits de la balance des paiements et réduire le nombre de chômeur.se.s. L’UE a joué un rôle clé dans l’amélioration des conditions de travail dans le pays et la lutte contre les risques de traite des êtres humains63.
L’aide au développement de l’UE aux Philippines accorde la priorité à la gouvernance, à la création d’emplois, aux énergies renouvelables et au soutien aux populations vulnérables de Mindanao. L’aide totale au développement allouée pour la période 2014-2020 dépasse 200 millions d’euros. Cette assistance cible principalement deux secteurs clés : la croissance inclusive et l’État de droit, en s’alignant étroitement sur le plan de développement philippin 2017-2022, une stratégie à moyen terme visant à réduire la pauvreté et à atteindre les Objectifs de développement durable.
Le plan de développement philippin souligne l’importance de mettre l’accent sur la poursuite de la traite des êtres humains et de la criminalité organisée par le biais d’une réforme de la justice, ainsi que le renforcement des mesures visant à protéger les travailleur.se.s étranger.ère.s de la traite et de l’exploitation des êtres humains, y compris en luttant contre le recrutement illégal.
L’UE collabore avec divers partenaires tels que l’OIT, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ONU Femmes, l’OIM et le PNUD pour financer des programmes régionaux et nationaux traitant les problèmes d’esclavage moderne auxquels font face les travailleur.se.s philippin.e.s à l’étranger et les défis internes. Des initiatives comme le Plan d’action de l’UE sur le genre visent à améliorer la gouvernance en matière de migration dans la région, particulièrement en ce qui concerne les besoins des femmes, réduisant le risque de violence, et empêchant la traite des travailleuses migrantes grâce à un meilleur accès à l’information et à des services coordonnés tenant compte de la dimension de genre. Sur le plan des affaires, l’UE a cofinancé des projets tels que les chaînes d’approvisionnement responsables en Asie (mis en œuvre entre 2017 et 2020 en collaboration avec l’OIT et l’OCDE). Aux Philippines, ce programme se concentre sur le secteur des produits alimentaires de base, qui est un employeur important et un moteur de l’économie d’exportation du pays. Ses objectifs étaient notamment de promouvoir des pratiques commerciales responsables, de favoriser un environnement politique propice et de faciliter le dialogue. Des résultats positifs ont été observés dans l’amélioration de la situation des enfants victimes de la traite et de l’exploitation, les autorités nationales ayant élaboré un plan de mise en œuvre de la loi sur l’aide d’urgence et la protection des enfants afin de lutter efficacement contre la traite des enfants.
L’UE reconnait le pouvoir de la collaboration et de la synergie dans la lutte contre l’esclavage moderne. Avec l’impact positif de la mise en place des Systèmes de Préférences Généralisées aux Philippines, le prochain accord de libre-échange avec l’UE offre des possibilités de renforcer les réformes juridiques dans le paysage du travail du pays. En outre, les résultats d’initiatives internationales telles que Safe and Fair et Ship to Shore soulignent l’importance de la coopération régionale dans la lutte contre l’esclavage moderne.
CONCLUSION
En résumé, la question de la traite des êtres humains en Asie du Sud-Est représente un défi complexe et multiforme qui s’étend au niveau international, régional et national, car il s’agit d’un problème qui ne connait pas de frontières. Les femmes et les enfants d’Asie sont en première ligne, parce qu’iels sont les cibles principales et les plus vulnérables de la traite des êtres humains. Le travail forcé, deuxième forme la plus répandue d’esclavage moderne, souvent associé à l’exploitation sexuelle, soumet les individu.e.s à des conditions déplorables et inhumaines, entraînant de graves conséquences mentales et physiques pour toutes les victimes.
En dépit de nombreuses initiatives et d’efforts soutenus, le problème persiste et certains signes indiquent qu’il est en augmentation. Le manque de coopération et de coordination entre les différent.e.s acteur.rice.s impliqué.e.s dans la lutte contre la traite, tant au niveau national que régional, constitue une faiblesse importante. Les causes de la traite, notamment la pauvreté, le manque d’opportunités d’emploi, le manque de sensibilisation, les conflits, la mondialisation et le changement climatique, sont profondément enracinées dans les structures mondiales et locales complexes.
L’efficacité des initiatives de lutte contre la traite des êtres humains est entravée par l’inadéquation des lois, la faiblesse de leur application, la corruption et le manque de sensibilisation et de capacités des responsables de l’application de la loi. Les services de protection se concentrent principalement sur la prostitution, avec des ressources, des capacités et une coordination limitées. Les programmes de retour et de réintégration se heurtent à des obstacles bureaucratiques et l’absence de suivi rend souvent difficile l’évaluation de leur efficacité.
Pour aborder la situation de la traite de manière exhaustive, il est essentiel d’aller au-delà des analyses au niveau national et d’étendre les efforts aux niveaux régional et interrégional. Il est essentiel de renforcer les initiatives, en particulier dans les domaines de la répression, de la prévention criminelle et des poursuites judiciaires. Une stratégie réussie et coopérative nécessite une compréhension claire des schémas et processus de trafic dans la région, en tirant les leçons des expériences passées. La reconnaissance croissante de la complexité de la traite des êtres humains souligne la nécessité d’interventions nuancées et ciblées.
Pour avancer, il est impératif de combler les lacunes existantes en matière de connaissances grâce à une collecte exhaustive de données et d’informations. Les différents efforts régionaux jouent un rôle essentiel dans l’élaboration de réponses efficaces au problème de la traite en Asie du Sud-Est. En tirant les leçons des expériences passées et en comprenant la diversité des modèles, des objectifs, des acteur.rice.s et des émotions impliqués dans la traite, les parties prenantes peuvent travailler en collaboration pour trouver des solutions plus efficaces et durables. La prise de conscience mondiale du fait que la traite des êtres humains est une grave violation des droits humains nécessite des efforts continus et une coopération à tous les niveaux pour lutter efficacement contre ce fléau caché.
RECOMMANDATIONS
Aborder le problème complexe et omniprésent de la traite des êtres humains en Asie nécessite une approche globale. Les recommandations suivantes visent à fournir un cadre stratégique pour la lutte contre la traite des êtres humains.
- Renforcer la coopération nationale et transfrontalière en élaborant et en mettant en œuvre davantage de lignes directrices régionales en coordination avec les lignes directrices nationales et bilatérales, en encourageant la coopération internationale pour lutter efficacement contre la traite des êtres humains.
- Encourager les gouvernements à adopter une approche ouverte et à collaborer avec les partenaires internationaux pour renforcer la coopération entre les services répressifs dans la lutte contre la traite des êtres humains.
- Mettre en œuvre des programmes de moyens de subsistance durables dans les communautés frontalières afin de réduire la vulnérabilité à la traite en offrant d’autres possibilités économiques et une formation professionnelle.
- Promulguer et appliquer une législation criminalisant les abus sur les enfants, y compris l’inceste, le viol et la prostitution, et fournir un soutien et des services de conseil appropriés aux enfants concerné.e.s.
- Renforcer les normes du travail pour prévenir la demande de main-d’œuvre illégale bon marché, en s’alignant sur les conventions de l’OIT visant à éliminer les pires formes de travail et en appliquant les réglementations visant à lutter contre le trafic de main-d’œuvre.
- Encourager les entreprises à adopter des pratiques de travail éthiques et à assurer la transparence de la chaîne d’approvisionnement, en faisant preuve de diligence raisonnable pour s’assurer que leurs activités ne contribuent pas à la traite des êtres humains ou n’en tirent pas profit.
- Reformuler les lois afin d’éliminer les préjugés à l’encontre des personnes impliquées dans la prostitution, en mettant l’accent sur le soutien et la réadaptation plutôt que sur des mesures punitives.
- Reconnaître et traiter les personnes impliquées dans la traite, en particulier les migrant.e.s illégaux.les, comme des victimes plutôt que comme des criminel.le.s, en leur assurant un soutien, une protection et une réadaptation appropriés.
- Élaborer et mettre en œuvre des protocoles pour mieux identifier les victimes de la traite, en veillant à ce que les services répressifs et les services d’aide adoptent une approche centrée sur la victime.
- Renforcer les mécanismes de prévention en ciblant les causes profondes de la traite, notamment la pauvreté, le manque d’emploi et le manque d’éducation, par le biais d’interventions au niveau local.
- Investir dans la formation et l’autonomisation des organismes locaux chargés de l’application de la loi, des ONG et des dirigeant.e.s communautaires en leur donnant les compétences nécessaires pour analyser les tendances en matière de traite des êtres humains propres à leur région et y répondre.
- Augmenter le nombre de femmes policières ayant reçu une formation spéciale pour répondre aux besoins uniques et aux vulnérabilités des femmes et des filles dans les situations de traite.
- Investir dans des campagnes éducatives de sensibilisation aux risques et aux conséquences de l’implication dans le commerce du sexe, couplées à la criminalisation effective de la traite des êtres humains.
- Élaborer et mettre en œuvre des programmes de réadaptation adaptés aux besoins particuliers des personnes sauvées du racket de la prostitution commerciale, en s’attachant à leur rétablissement physique et psychologique.
- Mettre en œuvre des initiatives visant à remettre en question et à modifier les normes sociales qui perpétuent le double standard sexuel, en particulier celles qui contribuent à l’exploitation des femmes et des jeunes filles.
- Améliorer les mécanismes de collecte et de partage des données afin de mieux comprendre les caractéristiques de la traite et de soutenir l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes.
- Favoriser les partenariats et les consultations avec les communautés et les victimes de la traite afin de mieux comprendre les lacunes et les difficultés des lois et des réglementations existantes et d’y remédier.
- Mettre en place des systèmes complets de soutien médical et psychologique pour les survivant.e.s de la traite, afin de garantir leur bien-être physique et mental grâce à des soins spécialisés.
- Créer des opportunités pour les filles dans des secteurs autres que l’industrie du divertissement, en offrant des alternatives viables pour réduire leur vulnérabilité à la traite.
Remerciements
Nous remercions Vannina Bozzi-Robadey, Jeanne Delhay, Clémence Hoet & Marine Lambotte, pour leur relecture.
Traduit par Greta Aurora Zottoli, Marion Decoularé-delafontaine, Samantha Frary–Aubert et Léa Grandemange.
Image : Photo CC BY-SA 2.0 Deed
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