Le vendredi 27 septembre, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a prononcé un discours devant l’Assemblée générale des Nations unies. Une occasion pour GROW de questionner la notion de « guerre juste » tant plébiscitée dans la gouvernance mondiale actuelle, notamment dans la rhétorique du premier ministre israélien contre le Hamas. 

La « guerre juste » de « Bibi » : « Israël veut la Paix » contre « les forces de la terreur »

La « guerre juste » a été théorisée dès l’Antiquité par Cicéron et bénéficie encore aujourd’hui d’un important dynamisme conceptuel. De l’ensemble de ces approches a émergé une liste de critères qui permettent de percevoir ce qui peut rendre la guerre éthique, selon Brian Orend, professeur à l’Université de Waterloo. 

Avant tout, une guerre doit respecter deux conditions (Jus in bellum) : la micro proportionnalité (par exemple, on ne peut riposter avec une arme nucléaire si l’attaque de l’ennemi est plus faible) et l’immunité des non-combattants (interdiction de cibler des civils, prisonniers de guerres, blessés…). Ces deux conditions font écho au droit international humanitaire qui encadre les pratiques et moyens utilisés lors de conflits armés. 

Dans son discours du 27 septembre, Benjamin Netanyahou (Bibi) a mis en avant son respect du principe de proportionnalité : « Si vous nous frappez, nous frapperons », « Israël a été contraint de se défendre ». Par l’utilisation de ce vocabulaire fort, le premier ministre israélien pose l’État sioniste en position de victime et présente ses attaques comme des actions de légitime défense. 

Additionnellement à ces deux critères, six conditions s’ajoutent (Jus ad bellum) : la cause juste, l’autorité légitime (reconnue et soutenue par la population), la bonne intention, le dernier recourt (il est nécessaire d’exploiter les voies diplomatiques, la médiation, la négociation etc, en amont des actions armées), les chances raisonnables de succès (le dirigeant ne doit recourir à une mission suicide de son État) et la macro-proportionnalité (les États impliqués doivent être d’une puissance similaire).

La violence au service de la Paix ?

Conscients de ces huit critères, des interrogations persistent : La guerre est-elle véritablement une condition sine qua non à la Paix ? La mort de plusieurs milliers, si ce n’est de millions d’individus, peut-elle réellement être considérée comme juste ? Bien que la raison soit juste, l’action l’est-elle ? 

Une nouvelle fois, la notion de « guerre juste » semble être un concept dont le cœur se trouve dans la perception que les belligérants ont de leur ennemi. Dans son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, le premier ministre israélien romançait « Des milliers de terroristes soutenus par le Hamas […] ont commis des atrocités inimaginables, assassiné sauvagement 1500 personnes, violant, mutilant des femmes, coupant la tête à des hommes, brûlant des bébés ». Comment ne pas percevoir cette guerre comme juste quand nous concevons notre ennemi comme des « assassins sauvages qui ne souhaitent que nous détruire » ? Cette perception manichéenne du dirigeant israélien nourrit un sentiment de légitime défense et de mission messianique de l’État d’Israël. Benjamin Netanyahou est allé jusqu’à illustrer son propos en arborant une carte simpliste de sa perception du Moyen-Orient : la bénédiction (« the blessing ») contre le fardeau (« the curse »). 

Organisation des Nations unies, Israël, Débat général, 79e session, Nations Unies, Assemblée générale, publiée le 27 septembre 2024. https://www.youtube.com/watch?v=nGrjutbEpcs

 

Ainsi, le concept de « guerre juste » est une notion philosophique et éthique qui apporte une grille d’analyse des interventions étrangères et qui est encore aujourd’hui instrumentalisée par des dirigeants belliqueux dont l’objectif est d’alimenter une légitimité fragile et questionnée.

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