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Abstract

Au second tour de l’élection présidentielle de 2002, une grande partie de la gauche a voté Jacques Chirac pour faire « barrage » à Jean-Marie Le Pen. Aujourd’hui cependant, ce « barrage républicain » semble de plus en plus fragile : le RN, anciennement FN, est de plus en plus intégré dans la vie politique française, et ses scores augmentent d’élections en élections. Cet article avance que la montée de l’extrême droite, observée en France comme dans d’autres pays européens depuis les années 2010, est intimement liée à la féminisation de ces partis de droite radicale, s’inscrivant dans la stratégie dite de « dédiabolisation » de ces derniers.

Introduction

Pendant longtemps, les femmes ont eu un rôle de second plan au sein de l’extrême droite européenne, perçue comme un milieu intrinsèquement masculin. Un phénomène de féminisation des rangs de l’extrême droite s’est cependant amorcé depuis le début du XXIe siècle, dont l’apogée fut en France le passage du flambeau de Jean-Marie Le Pen à sa fille Marine Le Pen, devenant l’une des rares femmes à la tête d’un parti politique français. Nous pouvons alors nous demander si ce processus de féminisation des partis de droite radicale (PDR) comme le Rassemblement National (RN) s’accompagne d’un véritable changement – davantage progressiste – dans les attitudes et les idées de l’extrême droite en France. Autrement dit, en quoi l’implication grandissante des femmes au sein de l’extrême droite française redéfinit, ou non, l’idéologie, les stratégies et l’agenda de celles-ci ?

Pour répondre à cette question, nous reviendrons sur le rôle qu’ont historiquement occupé les femmes au sein de l’extrême droite, de la période nazie à la période contemporaine où se féminisent les rangs, mais aussi l’électorat de l’extrême droite. Nous nous intéresserons ensuite à la façon dont agissent aujourd’hui les femmes d’extrême droite et aux stratégies qu’elles utilisent, marquées par l’orientalisme (construction des violeurs comme « Autres ») et l’opportunisme (inclusion des femmes et adoucissement du discours pour s’ouvrir à un nouvel électorat). Ces partis et leur instrumentalisation du féminisme s’inscrivent dans le phénomène de « fémonationalisme » théorisé par Sara Farris1. Enfin, nous irons au-delà des apparences afin de défendre la thèse selon laquelle cette féminisation n’a pas eu pour conséquence un changement significatif dans les valeurs et les idées misogynes, racistes, islamophobes et homophobes promues par l’extrême droite, en témoigne leurs prises de positions et leurs discours toujours aussi conservateurs, voire réactionnaires. Nous conclurons sur le rôle du féminisme, notamment intersectionnel, contre cette extrême droite.

L’évolution de la place des femmes au sein de l’extrême droite française

De véritables « féminazies » ? Ces femmes nazies 

Le terme « féminazie » est un néologisme inventé par l’anti-féministe Rush Limbaugh et fréquemment utilisé par la fachosphère pour se moquer d’un féminisme dit extrême ou anti-hommes2. Nous pouvons cependant nous demander s’il a véritablement existé des femmes nazies sous le Troisième Reich. Cette question est légitime, car le Front National (FN) a des racines dans les mouvements fascistes et nazis. Il fut fondé en 1972 sur les cendres du pétainisme, et son co-fondateur Léon Gaultier ou encore l’ancien trésorier Pierre Bousquet étaient par exemple d’anciens SS3.

Dans son livre Hitler’s Furies: German women in the nazi killing fields, Wendy Lower révèle la complicité et la participation actives aux crimes nazis de nombreuses femmes allemandes, dont l’existence a souvent été niée ou la violence minimisée. Selon elle, plus de 13 millions de femmes étaient engagées au sein du Parti nazi, et au moins 500 000 femmes ont contribué aux opérations du Troisième Reich. Bien que le régime nazi était profondément misogyne, refusant d’intégrer des femmes dans les organes de pouvoir, il s’est appuyé sur leur complicité et parfois même sur leur participation active. Il pouvait par exemple s’agir de secrétaires tapant les ordres de tuer et classant les détails des massacres, d’infirmières administrant des injections létales aux personnes handicapées ou de sages-femmes poussant certaines femmes à avorter ou à se faire stériliser. Il existait même de femmes SS ou kapos : c’est le cas par exemple d’Irma Grese, d’Ilse Koch ou encore de Savitri Devi. Des femmes comme Johanner Altvater ou Liselotte Meier ont également tué massivement des Juif.ve.s par balle. Néanmoins, l’Holocauste a majoritairement été perpétué par des hommes, et les femmes étaient très peu nombreuses parmi les accusés à Nuremberg ou autres procès pour crimes de guerre4.

La participation de femmes aux crimes nazis permet de relativiser la thèse selon laquelle la féminisation de l’extrême droite est un phénomène récent : il semble que les femmes d’extrême droite ont toujours existé. Cela permet également de contrebalancer le stéréotype essentialiste selon lequel les femmes ne pourraient pas faire preuve de violence, seraient nécessairement plus douces que les hommes. Il ne faut pas minimiser la violence dont sont capables les femmes, qui, tout comme les hommes, étaient conditionnées par le régime nazi pour accepter et commettre cette violence5.

Avant même la période nazie, aux États-Unis, beaucoup de femmes ont rejoint le mouvement suprématiste blanc Ku Klux Klan et ont même créé leur propre sous-groupe, le WKKK (Women of the Ku Klux Klan)6. Cette participation des femmes aux mouvements d’extrême droite a été invisibilisée par les chercheur.se.s, qui postulaient que le fascisme était un mouvement misogyne excluant de facto les femmes7. Des femmes ont participé à la politique fasciste en Allemagne, mais aussi en France, en Italie sous Mussolini, au Royaume-Uni ou encore en Espagne sous Franco. Envoyer les femmes faire du porte-à-porte permettait par exemple aux supporteur.ice.s d’Oswald Mosley au Royaume-Uni de présenter une image plus douce et rassurante du fascisme8.

La féminisation progressive des partis d’extrême droite

Nous avons assisté dans les dernières années, particulièrement depuis le début des années 2010, à une féminisation rapide des PDR européens, mais aussi de mouvements d’extrême droite parallèles au champ politique. De plus en plus de femmes sont à la tête de partis d’extrême droite européens, telles que Marine Le Pen en France (RN anciennement FN), Alice Weidel en Allemagne (AfD), Siv Jensen en Norvège (Parti du progrès), Pia Kjaersgaard au Danemark (Parti populaire danois) ou Giorgia Meloni en Italie (Frères d’Italie).

Le FN a été créé en 1972, ce qui en fait l’une des forces politiques d’extrême droite les plus anciennes en Europe. Dès sa création, des femmes y étaient présentes, notamment les catholiques traditionalistes, ou catholiques intégristes. Il s’agissait habituellement de mères de famille d’au moins 40 ans, très attachées à l’Église et issues de la haute bourgeoisie9. En parallèle, beaucoup de jeunes femmes participent à partir des années 70 au mouvement des Scouts d’Europe ou, dans un tout autre registre, des Skinhead ou de l’Œuvre française. Des femmes faisaient également partie du Groupe union défense (GUD), dont le FN s’est rapproché à partir des années 9010. Contrairement aux catholiques intégristes, les femmes Skinheads proviennent davantage de milieux défavorisés. La plupart de ces femmes participent aux groupes d’extrême droite ou adhèrent au FN, car leur mari, leur frère ou leur père en font partie, et proviennent déjà de familles d’extrême droite11. Encore aujourd’hui, la famille joue un grand rôle dans la socialisation politique des militantes de la droite radicale : il est toujours fréquent pour des femmes d’entrer en politique par le prisme d’un homme12. La répartition des tâches au sein de ces mouvements est extrêmement genrée : on attend par exemple des femmes Skinheads de jouer un rôle protecteur en mettant fin aux bagarres entre les hommes.

Ces femmes portent le même message que les hommes d’extrême droite : elles s’investissent au nom de la préservation de la famille blanche traditionnelle et de la culture française, mises à mal par l’immigration et le métissage racial et culturel. Elles s’opposent généralement au féminisme, notamment celui du Mouvement de libération des femmes (MLF), qui serait contre les hommes et contre la famille. Certaines ont l’impression que le féminisme les oblige à travailler et adhèrent ainsi à la proposition du FN de rémunérer les femmes au foyer. La plupart de ces femmes s’opposent à l’avortement, surtout les plus catholiques, qui diminuerait, selon elles, le nombre de naissances et serait utilisé abusivement, comme un moyen de contraception. Elles considèrent l’avortement comme un crime, parfois comparé à l’Holocauste. Beaucoup affirment combattre pour les droits liés à la maternité, c’est-à-dire contre des proches ou des médecins qui feraient selon elles pression pour pousser les femmes à avorter, ainsi que contre les drogues, le sida, la pornographie et l’homosexualité, considérés comme une menace pour la famille et les enfants13. Bien qu’il puisse sembler étonnant que des femmes s’opposent au féminisme, ce phénomène n’est pas nouveau : déjà au XXe siècle des associations de femmes catholiques s’opposaient au féminisme suffragiste libéral14. La vision des rôles de genre de ces femmes antiféministes est marquée par la complémentarité des hommes et des femmes et par la considération du genre comme une catégorie naturelle, et non construite socialement comme l’affirme le MLF. Les hommes et les femmes auraient des devoirs naturels auxquels se conformer, dont celui pour les femmes de reproduire la nation et la race15.

La féminisation de l’extrême droite française s’accentue pendant les années 80 et 90, durant lesquelles Jean-Marie Le Pen met certaines femmes en avant, telles que Marie-France Stirbois, Marie-Christine Arnautu et bien sûr, sa fille, Marine Le Pen. Néanmoins, les militant.e.s du FN restent en majorité des hommes et une division sexuelle des fonctions et du pouvoir est toujours à l’œuvre16. Seulement deux femmes sur 30 sont par exemple membres du Bureau politique du FN en 1999. Néanmoins, les femmes se font de plus en plus nombreuses au sein de l’organisation du parti, notamment en tant que secrétaires, pour tenir les permanences, au sein des associations de jeunes telles que le Front national de la jeunesse, ou encore parmi les associations s’occupant des questions sociales et éducatives17.

Le tournant dans la féminisation de l’extrême droite française est bien sûr l’arrivée en 2011 à la tête du FN de Marine Le Pen. En parallèle, de nombreux groupes de femmes d’extrême droite se forment au cours des années 2010, tels que la formation musicale 100% féminine des Brigandes, le collectif Némésis du nom de la déesse vengeresse, ou encore les groupes nationalistes les Antigones, les Caryatides et les Marianne pour tous qui naissent lors du débat autour du mariage homosexuel18. La Manif pour tous, née de l’opposition à la Loi Taubira de 2012, est en effet un moment clé dans cette féminisation de l’extrême droite : de nombreuses femmes, surtout jeunes et éduquées, participent au mouvement, dont les principales figures sont des femmes (Frigide Barjot, Ludovine de La Rochère…). Beaucoup de femmes figurent également parmi le groupe suprémaciste blanc et anti-musulman Génération identitaire, dissous en 2021, notamment les anciennes porte-parole Anaïs Lignier et Thaïs d’Escurfon.

Si cette dernière se déclare antiféministe, considérant que le féminisme déstabilise la famille et l’harmonie entre les sexes, les Antigones ainsi que le collectif Némésis se revendiquent d’un « féminisme identitaire ». Ces groupes militent pour l’égalité salariale et l’accès égal des hommes et des femmes à l’éducation et au travail rémunéré, tout en s’opposant à l’avortement et en rejetant le « féminisme de gauche » d’associations comme Osez le féminisme ou les Femen19. Ce féminisme d’extrême droite se veut défenseur d’une civilisation occidentale fantasmée, dont l’existence serait soi-disant remise en question par l’Islam et l’immigration. Il insiste sur l’insécurité vécue par les femmes, accorde une grande place à la nature et croit en l’existence de races biologiques20. Quant au groupe des Caryatides, proches de l’Action Française, il se revendique du « féminisme occidental » et a particulièrement fait parler de lui lors de l’affaire Mila en prenant la défense de ce qu’il considérait être une victime de l’immigration et de l’Islam, envers lesquels les féministes de gauche seraient complaisantes.

Soulignons enfin que le militantisme de ces femmes peut être une occasion d’empowerment (« empouvoirement »). Si les femmes ont été traditionnellement considérées par la recherche comme rejoignant les mouvements et partis d’extrême droite par le prisme d’un homme, c’est de moins en moins le cas aujourd’hui. Les femmes sont activement engagées dans les organisations d’extrême droite, qui leur offrent l’opportunité de s’autonomiser par l’action politique et le leadership, tout en perpétuant paradoxalement des normes de genre oppressives et des idées misogynes21.

Une féminisation des partis, mais aussi de l’électorat : la fin du « radical right gender gap »

Le terme « radical right gender gap » (RRGG) (littéralement : « écart entre les genres dans la droite radicale ») a été théorisé par la chercheuse américaine Terri Givens22 et désigne l’écart traditionnellement observé entre le vote des femmes et celui des hommes pour les PDR. Historiquement, les hommes ont ainsi été surreprésentés parmi les membres, mais aussi l’électorat de l’extrême droite. Cette situation semble changer actuellement, les femmes constituant un réservoir de voix important à conquérir pour les PDR espérant arriver au pouvoir. 

Plusieurs auteur.rice.s23 remarquent une disparition du RRGG en France à partir des élections présidentielles de 2012. Selon ces dernier.ère.s, le vote des femmes pour le FN n’est pas différent de celui des hommes, il peut être expliqué par les mêmes facteurs que sont l’euroscepticisme, le sentiment anti-immigration ou encore l’insécurité économique24. Le facteur le plus important pour expliquer l’érosion du RRGG en France semble être la présence de Marine Le Pen à la tête du parti dès 2011. C’est en effet à partir de 2012 que l’électorat du FN s’est féminisé et que le RRGG a disparu : Marine Le Pen a ainsi obtenu 19% des voix des hommes et 17% de celles des femmes en 2012, un écart qui disparaît une fois les résultats contrôlés avec les autres facteurs que sont le genre, la classe sociale, l’éducation et l’âge25. Les chiffres de 2017 confirment la disparition du RRGG, puisque les femmes ont été 22,8% à voter FN au premier tour contre 20,2% des hommes, et 34,4% au second tour contre 34,2% des hommes26. Marine Le Pen est une femme, jeune, divorcée à deux reprises et mère de trois enfants, ce qui renvoie l’image d’une femme moderne et moins violente que celle de son père. Elle a également adouci les positions du parti, notamment en affirmant ne pas souhaiter revenir sur la loi sur l’IVG, allant même jusqu’à se considérer comme une « quasi-féministe » dans sa biographie, ou en condamnant l’antisémitisme et l’Holocauste : Marine Le Pen apparait comme plus sympathique, et il n’y a ainsi plus cette « honte » de voter FN. D’autres facteurs expliquant la montée du FN/RN chez l’électorat féminin peuvent être mentionnés, tels que la crise économique, la droitisation du débat public, la présence dans son programme de mesures sociales, auxquelles les femmes sont habituellement plus réceptives, mais aussi la montée de l’islamophobie. En effet, la plus grande visibilité de l’Islam, notamment depuis les attentats de 2001 et le débat autour du port du voile dans les écoles publiques en 2004, ont augmenté la peur de la religion musulmane et ainsi le vote pour l’extrême droite27. Un autre facteur est la tertiarisation et donc la féminisation des emplois ouvriers : les femmes caissières, vendeuses, assistantes maternelles, femmes de ménage, etc, incarnent un nouveau « prolétariat des services »28 mal payé, qui favorise le repli identitaire et donc le vote FN/RN.

La fin du RRGG semble ainsi démontrer le succès de la stratégie de dédiabolisation entreprise par Marine Le Pen, qui a adouci son discours, notamment en se réappropriant certains enjeux de gauche29. Séduire les femmes, qui représentent plus de la moitié de la population, a permis à Marine Le Pen d’élargir considérablement son influence électorale. La féminisation de l’électorat du FN a été l’une des raisons majeures de sa dynamique électorale en 2017 : « Marine Le Pen a réussi à attirer et à fidéliser une nouvelle génération de femmes, arrivées à l’âge de voter en 2012, qui n’ont connu du FN que sa face « dédiabolisée » incarnée par sa nouvelle présidente »30. Un chiffre parlant à cet égard est la multiplication par quatre du soutien des femmes de moins de 26 ans pour le FN par rapport à 1988, alors qu’il n’a que doublé pour les hommes de la même tranche d’âge31

Ainsi, le RRGG a disparu, tant en France que dans d’autres pays européens tels que la Finlande, l’Italie ou le Luxembourg, ce qui n’est cependant pas un phénomène universel. En Norvège par exemple, le Parti progressiste reçoit toujours presque deux fois plus de soutien des hommes que des femmes32.

Les stratégies contemporaines des femmes d’extrême droite

La racialisation du sexisme : extrême droite et fémonationalisme

L’une des principales stratégies et caractéristiques des PDR contemporains est leur instrumentalisation de l’insécurité des femmes à des fins racistes et islamophobes, s’appuyant sur l’idée selon laquelle les agresseurs sexuels seraient quasi-exclusivement noirs ou arabes. Ce mythe du « migrant violeur », constituant un soi-disant danger pour les femmes blanches, n’est pas nouveau : déjà dans les années 80 Jean-Marie Le Pen l’utilisait comme argument anti-immigration33. En 1989, suite au meurtre d’une femme à Avignon, l’extrême droite organisa par exemple une manifestation durant laquelle Jean-Marie Le Pen présente cette femme comme une « martyre de l’immigration sauvage »34.

La figure de l’immigrant a cependant changé, puisque dans les années 80 et 90, elle est incarnée par les hommes venant d’Europe de l’Est, déjà perçus comme des criminels, et leurs femmes comme des victimes35. Au contraire, ce soi-disant danger de l’immigration concerne depuis les années 2000 l’immigration non-européenne et particulièrement musulmane, perçue comme une menace pour les valeurs dites occidentales. Ce discours sur le migrant ou l’arabe violeur et la victime blanche et chrétienne a donc été entretenu par des hommes d’extrême droite et est aujourd’hui repris par des femmes, d’extrême droite, mais aussi d’une partie de la droite, dans un contexte français de plus en plus marqué par l’islamophobie. Le FN joue sur la peur et l’insécurité des femmes blanches en affirmant vouloir les protéger face aux violences sexuelles des hommes musulmans ou issus de l’immigration. En analysant le programme du FN de 2013, la chercheuse Francesca Scrinzi36 remarque ainsi que le sexisme est évoqué une seule fois, associé au « communautarisme » des musulmans. Le discours raciste est réactualisé, il n’y a rien de nouveau dans la construction de l’immigration comme une menace pesant sur la civilisation européenne, mais les PDR se servent de la rhétorique féministe pour donner une apparence faussement moderne à ce discours réactionnaire37.

Le comportement des PDR à l’égard des migrants, mais aussi des femmes voilées fait écho au concept d’orientalisme, théorisé par Edward Saïd et défendu par le post-colonialisme, selon lequel l’Orient serait une création de l’Occident pour se mettre en valeur. Les migrants sont construits comme « Autres », comme culturellement différents, mais aussi inférieurs à l’Occident, qui serait intrinsèquement meilleur et constituerait la version achevée de ce qui devrait être réalisé partout dans le monde. L’orientalisme est genré : il enferme les femmes musulmanes dans le rôle de victimes et les hommes dans celui d’oppresseurs, attribuant le sexisme à un Autre racialisé. Le discours des hommes blancs sauvant les femmes racisées des hommes racisés, selon la célèbre phrase de Gayatri Spivak38, a ainsi servi pendant longtemps à justifier la colonisation, notamment celle de l’Inde par la Grande-Bretagne39.

Le récit orientaliste des PDR entretient cette idée binaire d’un choc des civilisations, entre d’un côté la civilisation occidentale, européenne et chrétienne, et de l’autre le monde arabo-musulman, misogyne, patriarcal et opposé au progrès. L’essentialisme culturel est à l’œuvre : il serait dans la culture des immigrés de violer et dans la nature des musulmans d’être fanatiques et intolérants, ce contre quoi il faudrait protéger les femmes blanches, et ce qui prouverait que leur culture est incompatible avec les valeurs de la France40. Les femmes en Europe sont considérées comme libérées, comme le modèle d’émancipation à atteindre, perpétuant le fantasme selon lequel nous viverions en Occident dans un monde post-féministe où l’égalité aurait déjà été atteinte. À l’inverse, la femme musulmane, nécessairement soumise, est utilisée comme une contre-image de la femme occidentale libérée41. Malgré le discours et les idées misogynes des PDR, mettre en avant des femmes libérées leur permet d’entretenir cette idée de supériorité de la civilisation occidentale. Beaucoup de PDR, comme la Ligue du Nord en Italie, incarnent cette contradiction, en affirmant que la culture des immigrants serait automatiquement machiste, tout en se comportant eux-mêmes comme tels.

L’égalité des genres est donc utilisée par les PDR comme une arme contre l’Islam, et particulièrement contre le voile. Il s’agit d’un des élément de nouveauté entre l’ancien et le nouveau FN : l’Autre racialisé n’est plus seulement masculin, un Autre racialisé féminin est mobilisé, celui des femmes voilées, pour démontrer la misogynie soi-disant intrinsèque à l’Islam42. Marine Le Pen qualifie par exemple le voile   d’« uniforme islamiste » et a déclaré vouloir l’interdire si elle était élue en 2022. Les collectifs « féministes » d’extrême droite tels que Némésis luttent activement contre le foulard islamique, symbole selon eux d’une prétendue islamisation de la société française. Les femmes voilées sont dépeintes comme opprimées, victimes de leur culture et devant être libérées : cette obsession de la droite et de l’extrême droite à vouloir dévoiler les musulmanes peut être qualifiée de néocolonialiste et d’assimilationniste. Le libre arbitre des femmes voilées est nié et on leur refuse paradoxalement de nombreux droits sous prétexte de les libérer, en témoigne l’adoption en 2004 de la loi interdisant le port de signes religieux dans les écoles publiques françaises, qui a renforcé cette assimilation entre Islam et oppression des femmes 43. Si ces mesures sont habituellement prises au nom des droits des femmes ou de la laïcité, dicter aux femmes quoi porter n’a rien de féministe.

Pour désigner cette instrumentalisation du féminisme par les partis nationalistes et populistes à des fins racistes, Sara Farris théorise le terme de « fémonationalisme » dans son livre In the Name of Women’s Rights: the Rise of Femonationalism, paru en 2017. Le fémonationalisme désigne une pratique consistant « à défendre des mesures ou des politiques xénophobes et racistes sous prétexte qu’elles seraient nécessaires à la libération des femmes »44. Farris45 explique que le terme est inspiré de celui d’homonationalisme, forgé par Jasbir Puar pour désigner la construction de l’Islam comme homophobe et comme contraire aux valeurs de la civilisation américaine.

Bien que le féminisme soit traditionnellement ancré dans les valeurs et les luttes de gauche, il peut facilement être récupéré par la droite et l’extrême droite46. Le FN articule un projet de fémonationalisme depuis 2012 en se portant comme défenseur des femmes et en s’insurgeant contre le voile au nom du féminisme. La réaction de Marine Le Pen suite aux agressions à Cologne en 2016 est à cet égard frappante, puisqu’elle a déclaré dans une tribune : « J’ai peur que la crise migratoire signe le début de la fin des droits des femmes »47.

Un « féminisme » d’extrême droite semble ainsi émerger, s’opposant à l’homoparentalité, au voile, à l’immigration et parfois à l’avortement et déclarant que le féminisme de gauche serait de l’islamo-féminisme, c’est-à-dire un féminisme soumis à l’Islam. « Le fait d’apparaître comme un parti qui œuvre pour promouvoir les droits des femmes étant [devenu] une ressource de légitimation dans l’arène politique »48, le FN tente de discréditer ses adversaires, qui ne seraient pas véritablement féministes, car ne porteraient pas attention à l’immigration, véritable danger pour les droits des femmes. Cela montre la capacité de l’extrême droite à se réapproprier et changer le sens de concepts de gauche. La Marche pour la vie d’Aliette Espieux reprend par exemple le slogan féministe « mon corps mon choix » pour affirmer la liberté des femmes à ne pas avorter face aux prétendues pressions de l’entourage et de l’État en ce sens49. Le collectif fémonationaliste Némésis se réapproprie également des méthodes féministes comme les actions d’éclat des Femen ou les collages féministes, sur lesquels on peut par exemple lire « Rapefugees not welcome »50.

Si certains groupes de femmes d’extrême droite se déclarent anti-féministes comme Thais d’Escufon et que d’autres se revendiquent d’un alter-féminisme identitaire comme Némésis ou Les Antigones, antiféminisme et fémonationalisme se rejoignent51. Les deux utilisent par exemple le corps des femmes comme champ de bataille, en cherchant à contrôler celui-ci, que ce soit à travers la limitation des droits reproductif ou du port du voile. Le rôle de la femme reste celui de reproduire la nation, face à une supposée invasion migratoire musulmane (théorie du grand remplacement).

L’antiféminisme et le fémonationalisme sont utilisés en même temps par les PDR : les deux s’opposent au féminisme contemporain, dénoncent le patriarcat des Autres, mais pas celui des pays occidentaux, valorisent une identité féminine essentialiste et défendent une complémentarité dite naturelle entre hommes et femmes, selon le modèle traditionnel de la famille nucléaire hétérosexuelle. Ces groupes réinvestissent donc des enjeux féministes tout en les adaptant à leurs valeurs conservatrices et donc tout en portant un projet opposé au progressisme : beaucoup de « féministes » de droite et d’extrême droite souhaitent ainsi le rétablissement de la peine de mort contre les violeurs52. Ce féminisme carcéral53 se retrouve également dans la défense, par des « féministes » de droite et d’extrême droite, de l’augmentation des peines pour violences sexuelles, de l’instauration de la castration chimique des pédophiles ou de la réglementation du travail du sexe.

L’instrumentalisation du féminisme à des fins électoralistes et de dédiabolisation

Le FN/RN est en quête de légitimité et de normalisation, pour se distinguer de son passé fasciste et aux positions radicales. Marine Le Pen tente depuis 2011, dans le cadre de sa stratégie dite de « dédiabolisation », de présenter l’image du FN comme étant un parti moderne et ayant vocation à gouverner.

Marine Le Pen joue sur son image de rare présidente d’un parti politique français pour attirer l’électorat féminin et notamment les femmes de la classe populaire et les mères monoparentales54. Depuis 2012, la féminité de Marine Le Pen devient même un argument de campagne, en témoigne par exemple sa récente affiche « Marine, femme d’État » ou sa participation à deux reprises à l’émission Ambition intime. Avoir une femme à la tête du parti ou à des positions influentes permet ainsi de redorer l’image de l’extrême droite, de la présenter comme davantage moderne et progressiste, et ainsi de séduire l’électorat féminin. Ce qui éloignait les femmes de la politique auparavant peut donc aujourd’hui contribuer à leur succès : la soi-disant douceur ou grande compassion des femmes étaient en effet brandies pour éloigner les femmes de la sphère politique alors qu’elles sont maintenant utilisées pour les inclure, selon l’idée selon laquelle les femmes feraient de la politique autrement que les hommes55.

Marine Le Pen met par exemple fréquemment en avant sa maternité, étant mère de trois enfants : les devoirs familiaux, autrefois considérés comme contradictoires avec l’implication politique, sont devenus un argument stratégique pour faire valoir sa proximité avec le peuple. L’intime est ainsi de plus en plus rendu public par les personnalités politiques pour les faire paraître plus humaines, plus sympathiques56. Les PDR utilisent activement cette stratégie consistant à utiliser la féminité pour mieux faire passer la violence des idées d’extrême droite, notamment à travers le rôle de mère de famille57. L’image que véhicule Marine Le Pen « est rassurante, elle aime à se représenter comme une mère qui doit faire face aux difficultés de combiner travail et famille »58. Femme divorcée, active et moderne, elle rompt avec l’image vieillissante de son père, ce qui ne signifie pas que cette modernité du personnage se traduise dans l’idéologie de son parti. Les responsables femmes des PDR ont tendance à soigner leur apparence, voire à en jouer pour atténuer la radicalité de leurs propos. Ainsi, le stéréotype selon lequel les femmes, en politique comme ailleurs, seraient plus douces et sensibles participe à la dédiabolisation de ces partis. Mettre en avant des jeunes est une autre stratégie permettant de se donner une apparence de modernité : le RN l’utilise, avec Jordan Bardella par exemple, mais aussi Génération identitaire ou le collectif Némésis, qui sont presque exclusivement composés de jeunes59.

Depuis 2012, Marine Le Pen mentionne de plus en plus les droits des femmes. Après la crise de Cologne en 2016, elle a même cité Simone de Beauvoir et Elisabeth Badinter dans une tribune et a déclaré dans son autobiographie À contre flots que sa période en tant que mère célibataire l’avait rendu « quasi-féministe »60. À mesure que l’imaginaire associé au féminisme s’est éloigné des militantes radicales du MLF des années 70 et que se dire féministe est devenu plus socialement acceptable, Marine Le Pen s’est donc rapproché du terme jusqu’à presque s’y identifier. Il semble que « Marine Pen cherche à redéfinir la politique du FN pour la rendre compatible avec les valeurs républicaines »61, notamment à travers des positions moins radicales sur l’avortement et le mariage homosexuel. Le changement de nom du Front National au Rassemblement National suite aux élections présidentielles de 2017 fait également partie de cette stratégie de renouveau, tout comme les conflits entre Le Pen père et fille, qui instaurent l’idée d’une rupture : il ne s’agirait plus du parti sexiste, raciste et issu du nazisme de Jean-Marie Le Pen. Lors de la campagne présidentielle de 2022, le nom Le Pen a même été enlevé, au profit d’une affiche « Marine présidente ». Ce prénom sans nom de famille remplit une double fonction : la distancier de son père, mais aussi la rendre plus sympathique, plus proche du peuple.

Marine Le Pen adopte une posture bien plus tolérante envers les couples de même sexe et l’avortement, alors que d’autres partis européens comme Vox en Espagne ou le PiS en Pologne ne se privent pas de remettre ces droits en question62. La stratégie de dédiabolisation passe également par les nouveaux médias : Marine Le Pen utilise ainsi beaucoup YouTube pour jouer la carte de la proximité, en évoquant sa vie personnelle et en mettant en avant sa passion pour les chats. En outre, elle a évoqué à plusieurs reprises son enfance douloureuse, ayant souffert d’exclusion en raison des opinions politiques de son père63, un récit qui participe aussi à la rendre plus sympathique et à se distinguer des idées et de l’héritage légué par son père, exclu du parti en 2015.

Avant l’arrivée de Marine Le Pen, le FN défendait un discours très essentialiste sur le rôle des femmes, la procréation étant considérée comme le destin de celles-ci et la famille comme le pilier de l’ordre social et naturel, soi-disant menacé par le féminisme et l’immigration. La politique familiale du FN visait à augmenter la natalité française et à revaloriser le mariage et la famille. Le programme de Jean-Marie Le Pen prévoyait également l’interdiction de l’IVG et la création d’un salaire maternel rémunérant les femmes au foyer64. Marine Le Pen a transformé ce salaire maternel en salaire parental. Selon les chercheuses en sciences politique Rainbow Murray et Réjane Sénac, « la transition d’un salaire maternel à un salaire parental (envisageant ainsi les pères au foyer) a été conçue pour refléter le renouvellement de l’électorat du FN, qui était plus jeune et plus habitué aux modèles familiaux modernes »65. Tout en maintenant des idées conservatrices, Marine Le Pen a donc ajouté des idées libérales et modérées pour s’adapter aux changements sociétaux et s’ouvrir à un nouvel électorat, plus féminin et jeune, ainsi qu’à une partie de la droite républicaine. Malgré tout, sa position sur l’avortement reste ambigüe, et il y a une forte continuité entre l’idéologie passée et actuelle du FN/RN, toujours axée sur la défense de la famille, la lutte contre l’immigration et la naturalisation des relations sociales, bien que ses liens avec le fascisme soient plus subtils.

Cette stratégie de dédiabolisation et de normalisation de l’extrême droite semble avoir été un succès, comme le montrent les scores de plus en plus élevés de Marine Le Pen. En modérant son discours, elle a cependant perdu une partie des électeur.ice.s historiques du RN, qui ont adhéré aux propos plus radicaux d’Eric Zemmour lors des élections présidentielles de 2022. Lors de cette campagne, Marine Le Pen n’a pas fait de grands éclats, et a fait campagne sur le pouvoir d’achat davantage que l’islam ou l’immigration. C’est donc Eric Zemmour qui a incarné la radicalité, contribuant ainsi à banaliser les idées de Marine Le Pen en la faisant presque passer pour modérée.

Les PDR ont eu tendance à apparaître et disparaître rapidement, ce qui n’a pas été le cas du FN, qui a survécu au changement de chef de parti66. Le RN est devenu un parti de masse, stable et pleinement intégré dans la vie politique française. Cependant, il ne peut pas encore nouer des alliances avec d’autres grands partis : le « barrage républicain » est toujours de mise, bien que de plus en plus fragile. Aux élections législatives de juin 2022, les électeur.rice.s de la formation « Ensemble » (majorité présidentielle) ont ainsi été 48% à s’abstenir en cas de duel au second tour entre le Rassemblement national et l’alliance de gauche « Nupes » dans leur circonscription. De la même façon, les électeur.rice.s ayant voté Nupes au premier tour ont été 45% à s’abstenir lors d’un duel Ensemble-Rassemblement national au second tour67. Par conséquent, 89 député.e.s RN ont été élu.e.s, un score historique illustrant l’effritement du « front républicain ». Les PDR ne semblent ainsi plus être des outsiders de la vie politique, ils sont devenus des partis comme les autres, tout comme leurs électrices, qui ne sont plus seulement des femmes marginalisées, mais aussi des femmes banales, étudiantes, issues de toutes les classes sociales. Le succès des PDR est également visible par la droitisation du débat public et politique, les thèmes portés par l’extrême droite depuis les années 80 inondant aujourd’hui l’espace médiatique : sécurité, islamo-gauchisme dans les universités, immigration, port du voile, etc68, contrairement par exemple à l’écologie, à la justice sociale ou au pouvoir d’achat.

Derrière la façade : la réalité de l’extrême droit quant aux femmes

Des attaques récurrentes contre les droits des femmes et des personnes LGBTQ+

Si la base électorale, la stratégie et la communication du RN en France ont changé, peut-on en dire de même de son idéologie et de ses valeurs ? L’extrême droite a-t-elle cessé d’être une menace pour les femmes ?

Malgré le changement de discours, les droits des femmes ne sont pas présents dans le programme du RN, si ce n’est à travers le prisme de la famille ou de l’immigration. Sur les 24 pages de son programme de 2017, le mot « femme » apparait une seule fois, contre 12 pour « étranger » et neuf pour « sécurité », et cette seule mention aux droits des femmes est liée à la « lutte contre l’islamisme »69. Marine Le Pen s’oppose à la parité, aux quotas et autres mesures de discrimination positive, qu’elle considère comme contraires à la méritocratie et même comme de la discrimination inversée. « Les premières victimes en sont les hommes blancs hétérosexuels », peut-on ainsi lire sur le site de son parti en 201770. Elle a déclaré vouloir mettre fin à la parité dans son programme de 2012 comme de 2017. Bien que plusieurs de ces mesures ne soient plus présentes dans son programme de 2022, ces modifications sont cohérentes avec sa stratégie de dédiabolisation et peuvent donc difficilement être attribuées à un changement soudain dans ses idées.

La position du RN sur l’avortement est quant à elle ambigüe : Marine Le Pen dit comprendre les femmes qui avortent et ne souhaite pas revenir sur la légalité de l’IVG, mais évoquait en 2012 la multiplication des « avortements de confort » et envisageait de dérembourser l’avortement sauf en cas de viol. Elle s’est également déclarée contre l’allongement du délai légal pour avorter, passé de 12 à 14 semaines en février dernier. Elle a attaqué le planning familial en 2012, en 2017 comme en 2022 et insiste toujours sur la liberté de choix des femmes de ne pas avorter comme de ne pas travailler71. Beaucoup de membres de son parti restent également ouvertement anti-avortement, et si elle est élue, Marine Le Pen prévoit de s’appuyer sur des alliés européens connus pour leurs positions anti-IVG et anti-LGBT+, comme Viktor Orban et Mateusz Morawiecki. Nous sommes ainsi passés d’une opposition ferme contre l’avortement dans les années 80 à « une acceptation timide » aujourd’hui72.

En outre, le FN propose depuis longtemps la création d’un salaire parental équivalent à 80% du SMIC versé à partir du deuxième enfant73. Si celui-ci s’adresse en théorie aux femmes et aux hommes, il serait très certainement bien plus utilisé par les femmes et inciterait leur retour au foyer. « Le progrès pour les femmes, c’est de rester à la maison » affirmait ainsi Marine Le Pen en 2012. On remarque toujours dans les discours et les propositions de l’extrême droite une certaine essentialisation des femmes, notamment par son renvoi au rôle de mère et d’épouse. Féminisme s’il en est, il est donc différentialiste, essentialiste et s’appuie sur une vision traditionnelle du rôle « naturel » de l’homme et de la femme.

Concernant les droits LGBTQ+, Marine Le Pen propose dans l’engagement 87 de son programme en 2017 de remplacer le mariage pour tous par un PACS amélioré, et s’oppose à l’adoption des couples de même sexe ainsi qu’à l’ouverture de la PMA aux couples de femmes, contre laquelle elle a voté en 202174.

De plus, la présidente du RN a toujours voté en tant que députée européenne contre les résolutions européennes visant à étendre les droits des femmes, comme le pacte Simone Veil, mais aussi la résolution sur l’Égalité des genres et l’émancipation des femmes à l’ère du numérique en 2016 ou celle qui prévoyait un congé maternité de 20 semaines et entièrement pris en charge partout en Europe. De la même façon, les élus FN/RN à l’Assemblée nationale s’opposent systématiquement aux mesures concernant les droits des femmes75.

Il semble finalement que le « quasi-féminisme » du FN/RN lutte pour des femmes spécifiques, blanches, privilégiées économiquement, et non pour les femmes dans leur ensemble. Le programme du FN, que ce soit en 2017 ou en 2022, propose par exemple, outre l’interdiction du voile dans l’espace publique, la suppression de la baisse du quotient familial et de l’aide médicale d’État, deux mesures particulièrement pénalisantes pour les femmes précaires ou migrantes. Le programme du FN défend également le principe de la priorité nationale pour l’emploi, le logement et les prestations sociales, avec notamment des allocations familiales réservées aux familles dont au moins l’un des deux parents est français76. Ainsi, il existe une forte ressemblance entre le FN de Le Pen père et celui de Le Pen fille, le second s’inscrivant en continuité du style, des idées et de la stratégie ayant provoqué le succès du premier en 2002.

Par conséquent, le FN/RN semble utiliser la notion des droits des femmes uniquement dans le cadre de leur rhétorique anti-immigration et non à des fins de justice sociale. L’entreprise de dédiabolisation du RN est une stratégie de conquête du pouvoir, et non le reflet d’une déradicalisation de ses idées. Il est indéniable que la montée des politiques ultra-conservatrices d’extrême droite met en danger les droits des femmes et des autres minorités, en témoigne le recul des droits LGBTQ+ et des politiques d’égalité des sexes en Hongrie ou en Pologne.

Le rôle du féminisme contre l’extrême droite

La présence croissante des femmes dans les partis de droite conduit à réinterroger les liens entre le genre, les partis et la représentation substantielle des femmes77. L’étude genrée des PDR montre ainsi que la représentation descriptive ne se transforme pas nécessairement en représentation substantielle, autrement dit avoir des femmes en politique (représentation descriptive) ne signifie pas que leurs droits seront défendus (représentation substantielle). Est-il alors possible d’être de droite ou d’extrême droite et féministe ? Peut-on allier féminisme et conservatisme ? Les militantes du FN ou du collectif Némésis remettent en question le monopole de la représentation substantielle des femmes par la gauche en affirmant défendre les femmes78. Peut-être faudrait-il élargir la définition de la représentation substantielle pour y inclure les prises de positions féministes, mais aussi tout ce qui est fait au nom des femmes. Les partis conservateurs peuvent par exemple représenter substantiellement les femmes conservatrices. Selon Murray et Sénac79, les femmes en politique sont plus enclines que les hommes à porter intérêt aux questions concernant les droits des femmes. Le genre serait, selon elles, un meilleur indicateur que les différences partisanes pour expliquer le comportement des législateur.rice.s en ce sens, renforçant l’idée d’une politique de la présence plutôt qu’une politique des idées.

Cependant, selon moi, un « véritable » féminisme devrait être intersectionnel, antifasciste, antiraciste ou encore anticapitaliste, pour ne pas se porter en défenseurs uniquement des femmes blanches hétérosexuelles déjà privilégiées, mais bien des femmes dans toute leur hétérogénéité. Ces femmes d’extrême droite se réapproprient des propositions et des modes d’action des mouvements féministes, mais dénaturent le projet social porté par le féminisme, vers plus de justice et d’égalité.

Le collectif Némésis défend par exemple un « féminisme » sécuritaire, identitaire et conservateur, tandis que le féminisme est par essence progressiste80. Le fémonationalisme prétend libérer les femmes musulmanes, mais fait tout le contraire, en contrôlant le corps des femmes portant le hijab et en restreignant leur accès à l’éducation, l’emploi ou aux activités de loisir. L’extrême droite est donc un obstacle à la construction d’une société égalitaire, et le fémonationalisme n’est pas du féminisme, mais du nationalisme ethnique81. Un féminisme souhaitant libérer les femmes devrait, au contraire des groupes fémonationalistes qui rejettent les femmes racisées, migrantes et LBGTQ+, prendre en considération tous les rapports de pouvoir en adoptant une approche intersectionnelle.

Conclusion

L’aspect du genre est souvent négligé dans la littérature sur les PDR, alors qu’une perspective genrée permet de pleinement saisir les mutations et les raisons de la montée de la droite radicale populiste en Europe. La féminisation des PDR leur a en effet permis, comme nous l’avons vu, de diversifier et ainsi d’augmenter leur socle électoral. La mise en avant des droits des femmes a été primordiale dans la stratégie anti-immigration du FN/RN. Néanmoins, l’insistance de ce parti sur les droits des femmes se fait uniquement à des fins islamophobes et électoralistes et ne s’est donc pas traduite par un véritable changement de position sur le rôle des femmes dans la société. Il s’agit de ce fait d’un féminisme d’apparence, opportuniste : leur discours s’est parfois adouci, mais les actes n’ont pas suivi et l’extrême droite reste ainsi une menace pour les femmes, notamment celles qui ne sont pas blanches. Ainsi, la féminisation de l’extrême droite décrite dans la première partie correspond davantage à une stratégie politique, pour dédiaboliser et normaliser les PDR, qu’à un véritable changement de mentalité envers des valeurs plus féministes. Le féminisme doit combattre cette réappropriation de ses luttes par les mouvements fémonationalistes. Marine Le Pen reste l’héritière d’une tradition d’extrême droite qui tire ses racines dans la France de Vichy et reste un danger pour les droits des femmes, des personnes LGBTQI+, des immigrant.e.s, des musulman.e.s et de la démocratie en général.

Références

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Pour citer l’article :

COTTAIS, C. (2022). Féminisation et montée de l’extrême droite en Europe : le cas de la France. Generation for Rights Over the World. growthinktank.org. [online] July 2022.

Remerciements

Nous remercions Elvire Alexandrowicz, Marie Chapot, Jeanne Delhay et Clémence Hoet pour leur relecture. 

© Photo Marine Le Pen à la tribune by Rémi Noyon is licensed under licence CC BY 2.0.

References
1 FARRIS, Sara. (2012). Femonationalism and the ‘Reserve’ Army of Labor Called Migrant Women, History of the Present, 2(2), pp. 184-199. Available at: https://doi.org/10.5406/historypresent.2.2.0184
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6, 18, 46, 60, 69, 72, 74 LORRIAUX, A. (2015). À la recherche des « feminazies », ces féministes vraiment nazies, op. cit.
7 PROVOST, C. & WHYTE, L. (2018). Why are women joining far-right movements, and why are we so surprised? Opendemocracy. [online] 31 Jan. Available at: https://www.opendemocracy.net/en/5050/women-far-right-movements-why-are-we-surprised/
8 PROVOST, C. & WHYTE, L. (2018). Why are women joining far-right movements, and why are we so surprised? Opendemocracy. [online] 31 Jan. Available at: https://www.opendemocracy.net/en/5050/women-far-right-movements-why-are-we-surprised/
9 VENNER, F. (1993). Le militantisme féminin d’extrême droite : « Une autre manière d’être féministe » ? French Politics and Society, 11(2), 33–54. [online]. Available at: http://www.jstor.org/stable/42844213
10 MACÉ, M. & PLOTTU, P. (2022). Brève histoire du GUD, ce groupuscule fascisant dont a fait partie Loïk Le Priol. Libération. [online] 25 Mar. Available at: https://www.liberation.fr/politique/breve-histoire-du-gud-ce-groupuscule-fascisant-dont-a-fait-partie-loik-le-priol-20220325_H4ASZBQSGRBHVBIOVMGOEN3NEE/?redirected=1
11 VENNER, F. (1993). Le militantisme féminin d’extrême droite : « Une autre manière d’être féministe » ?, op. cit
12 SCRINZI, F. (2014). Militantisme des femmes dans les partis de la droite populiste radicale. Une étude comparative de la participation des femmes et des hommes au sein de la Ligue du Nord (Italie) et du Front national (France). University of Glasgow.
13, 33, 52, 57 VENNER, F. (1993). Le militantisme féminin d’extrême droite : « Une autre manière d’être féministe » ?, op. cit.
14 DELAPORTE, L. (2022). Chez les militantes de droite ou d’extrême droite, « il y a un usage stratégique de #MeToo ». Médiapart. [online] 15 Fev. Available at: https://www.mediapart.fr/journal/france/150222/chez-les-militantes-de-droite-ou-d-extreme-droite-il-y-un-usage-strategique-de-metoo
15 VENNER, F. (1993). Le militantisme féminin d’extrême droite : “Une autre manière d’être féministe”?, op. cit.
16, 17 LESSELIER, C. (1991). De la Vierge Marie à Jeanne d’Arc : images de femmes à l’extrême droite. Dans : L’Homme et la société, N. 99-100, 1991. Femmes et sociétés. pp. 99-113. [online]. Available at: https://doi.org/10.3406/homso.1991.2541
19, 20 RUSCIO, L. (2022). Derrière le « féminisme » d’extrême droite : entretien avec Magali Della Sudda. L’humanité. [online] 17 Fev. Available at: https://www.humanite.fr/politique/extreme-droite/derriere-le-feminisme-dextreme-droite-entretien-avec-magali-della-sudda
21 PROVOST, C. & WHYTE, L. (2018). Why are women joining far-right movements, and why are we so surprised?, op. cit.
22 GIVENS, T. E. (2004). The radical right gender gap. Comparative Political Studies, 37(1), 30-54. [online]. Available at: https://doi.org/10.1177/0010414003260124
23 Voir par exemple : IMMERZEEL, T. COFFÉ, H., & VAN DER LIPPE, T. (2015). Explaining the gender gap in radical right voting: a cross-national investigation. In: 12 Western European Countries. Comparative European Politics, 13(2), 263-286. [online]. Available at: https://doi.org/10.1057/cep.2013.20 ou SPIERINGS, N. & ZASLOVE, A. (2015). Gendering the vote for populist radical-right parties. Patterns of Prejudice, 49(1-2), 135-162. [online]. Available at: https://doi.org/10.1080/0031322X.2015.1024404
24 MAYER, N. (2015). The closing of the radical right gender gap in France? French Politics, 13(4), 391-414. [online]. Available at: https://doi.org/10.1057/fp.2015.18
25 MAYER, N. (2013). From Jean-Marie to Marine Le Pen: Electoral Change on the Far Right, op. cit.

Même si l’écart en 2012 est de 2% entre le vote féminin et le vote masculin pour l’extrême droite, le genre n’est pas le facteur déterminant pour justifier cet écart. Mayer utilise une régression logistique (a logistic regression) pour contrôler les résultats avec le genre, l’âge, l’éducation, la religion et le placement gauche-droite.

26 AMENGAY, A. DUROVIC, A. & MAYER, N. (2017). L’impact du genre sur le vote Marine Le Pen. Revue française de science politique, 67(6), 1067-1087. [online]. Available at: https://doi.org/10.3917/rfsp.676.1067
27, 40 MAYER, N. (2013). From Jean-Marie to Marine Le Pen: Electoral Change on the Far Right, op. cit.
28, 30, 31 AMENGAY, A. DUROVIC, A. & MAYER, N. (2017). L’impact du genre sur le vote Marine Le Pen., op. cit, p.1069.
29 RUSCIO, L. (2022). Derrière le « féminisme » d’extrême droite : entretien avec Magali Della Sudda, op. cit.
32 IMMERZEEL, T. COFFÉ, H., & VAN DER LIPPE, T. (2015). Explaining the gender gap in radical right voting: a cross-national investigation, op. cit.
34, 64 LESSELIER, C. (1991). De la Vierge Marie à Jeanne d’Arc : images de femmes à l’extrême droite, op. cit.
35 FARRIS, Sara. (2012). Femonationalism and the ‘Reserve’ Army of Labor Called Migrant Women, History of the Present, 2(2), pp. 184-199. Available at: https://doi.org/10.5406/historypresent.2.2.0184
36, 78 SCRINZI, F. (2014). Militantisme des femmes dans les partis de la droite populiste radicale. Une étude comparative de la participation des femmes et des hommes au sein de la Ligue du Nord (Italie) et du Front national (France), op. cit.
37 CHAKRAVERTY, C. (2021). Podcast : « In extenso » : Quand l’extrême droite joue au féminin. The conversation. [online] 25 Mar. Available at: https://theconversation.com/in-extenso-quand-lextreme-droite-joue-au-feminin-157759
38 SPIVAK, G-C. (2009). Les subalternes peuvent-elles parler ?. Éditions Amsterdam, p. 69.
39 EDNA, B. (2019). The Disturbing Rise of “Femonationalism. The Nation. [online] 7 May. Available at: https://www.thenation.com/article/archive/feminism-nationalism-right-europe/
41 FARRIS, Sara. (2012). Femonationalism and the ‘Reserve’ Army of Labor Called Migrant Women, op. cit.
42 SCRINZI, F. (2017) A ‘new’ national front? Gender, religion, secularism and the French populist radical right. In: Köttig, M., Bitzan, R. and Petö, A. (eds.) Gender and Far Right Politics in Europe. Londres: Palgrave Macmillan, pp. 127-140. doi:10.1007/978-3-319-43533-6_9
43, 45 FARRIS, Sara. (2012). Femonationalism and the ‘Reserve’ Army of Labor Called Migrant Women, op. cit.
44 CARRERAS, J. (2020). Féminisme & Extrême droite. Nouvelles droites et antiféminisme. Viento, n°670-671, para. 7. [online]. Available at: http://www.inprecor.fr/article-Nouvelles-droites-et-antif%C3%A9minisme?id=2339
47 BRETEAU, P. & LAURENT, S. (2016). Marine Le Pen, une féministe à la mémoire courte. Le Monde. [online] 15 Jan. Available at: https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/01/15/marine-le-pen-une-feministe-a-la-memoire-courte_4848295_4355770.html
48 SCRINZI, F. (2014). Militantisme des femmes dans les partis de la droite populiste radicale. Une étude comparative de la participation des femmes et des hommes au sein de la Ligue du Nord (Italie) et du Front national (France), op. cit., p.8
49 DELAPORTE, L. (2022). Chez les militantes de droite ou d’extrême droite, « il y a un usage stratégique de #MeToo », op. cit.
50 DASINIERES, L. (2021). Les petits secrets du Collectif Némésis, ces « Femen d’extrême droite ». Slate.fr. [online] 19 Fev. Available at: http://www.slate.fr/story/201738/collectif-nemesis-feministes-identitaires-extreme-droite-conservatrices-methodes
51 CARRERAS, J. (2020). Féminisme & Extrême droite. Nouvelles droites et antiféminisme, op. cit.
53 Selon Bernstein, il s’agit des militantes féministes en faveur de l’extension du système pénale, appelant à une pénalisation plus sévère de certains actes, sans se demander qui est criminalisé. Dans BERNSTEIN, E. (2007). The Sexual Politics of New Abolitionism, Differences: A Journal of Feminist Cultural Studies, vol. 75, n°3, p. 128-151.
54 ​​CHRISAFIS, A. CONNOLY, K. & GIUFFRIDA, A. (2019). From Le Pen to Alice Weidel: how the European far-right set its sights on women. The Guardian. [online] 29 Jan. Available at: https://www-theguardian-com.proxy.bib.uottawa.ca/lifeandstyle/2019/jan/29/from-le-pen-to-alice-weidel-how-the-european-far-right-set-its-sights-on-women
55 BOUDILLON, J. (2005). Une femme d’extrême droite dans les médias. Le cas de Marine Le Pen. Mots. Les langages du politique, 78. [online]. Available at: https://doi-org.proxy.bib.uottawa.ca/10.4000/mots.392
56, 63 BOUDILLON, J. (2005). Une femme d’extrême droite dans les médias, op. cit.
58 SCRINZI, F. (2014). Militantisme des femmes dans les partis de la droite populiste radicale. Une étude comparative de la participation des femmes et des hommes au sein de la Ligue du Nord (Italie) et du Front national (France), op. cit., p.5.
59 CHAKRAVERTY, C. (2021). Podcast : « In extenso » : Quand l’extrême droite joue au féminin, op. cit.
61 SCRINZI, F. (2014). Militantisme des femmes dans les partis de la droite populiste radicale. Une étude comparative de la participation des femmes et des hommes au sein de la Ligue du Nord (Italie) et du Front national (France), op. cit., p.4.
62 CARRERAS, J. (2020). Féminisme & Extrême droite. Nouvelles droites et antiféminisme, op. cit.
65 MURRAY, R. & SÉNAC, R. (2014). Mapping ‘Feminist’ Demands Across the French. In: Celis, K., Childs, S. Gender, Conservatism and Political Representation, European Consortium for Political Research Press, p. 235.
66 FROIO, C. (2017). Comparer les droites extrêmes : État de l’art critique et pistes pour de futurs chantiers de recherche. Revue internationale de politique comparée, 24, 373- 399. [online]. Available at: https://doi-org.proxy.bib.uottawa.ca/10.3917/ripc.244.0373
67 ALIX, E. (2022). Législatives 2022. Nupes, RN, Ensemble : comment s’est effectué le report des voix au second tour ? Ouest France. [online] Available at: https://www.ouest-france.fr/elections/legislatives/legislatives-2022-nupes-rn-ensemble-comment-s-est-effectue-le-report-des-voix-au-second-tour-47e09e78-f09b-11ec-a1f9-96fad4cda185
68 CHAKRAVERTY, C. (2021). Podcast : « In extenso » : Quand l’extrême droite joue au féminin, op. cit.
70 BRETEAU, P. & LAURENT, S. (2016). Marine Le Pen, une féministe à la mémoire courte, op. cit.
71 SCRINZI, F. (2017). Gender and women in the Front National discourse and policy: from ‘mothers of the nation’ to ‘working mothers’. New Formations, 91.
73 BRETEAU, P. & LAURENT, S. (2016). Marine Le Pen, une féministe à la mémoire courte, op. cit.
75 LORRIAUX, A. (2015). À la recherche des « feminazies », ces féministes vraiment nazies, op. cit.
76, 79 MURRAY, R. & SÉNAC, R. (2014). Mapping ‘Feminist’ Demands Across the French, op. cit.
77 MURRAY, R. & SÉNAC, R. (2014). Mapping ‘Feminist’ Demands Across the French, op. cit.
80 DASINIERES, L. (2021). Les petits secrets du Collectif Némésis, ces « Femen d’extrême droite », op. cit.
81 EDNA, B. (2019). The Disturbing Rise of “Femonationalism”. The Nation. [online] 7 May. Available at: https://www.thenation.com/article/archive/feminism-nationalism-right-europe/

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