Le 22 juin dernier, GROW a organisé sa première conférence portant sur les « thérapies de conversion » et leur interdiction. Cette conférence a eu lieu dans le cadre de la « Quinzaine des fiertés » de l’InterLGBT. Elle s’est tenue en ligne, en direct sur notre page Facebook. 

Retrouvez la retransmission et revivez les moments forts de cette discussion !

Introduction

Durant plusieurs mois, GROW s’est penché sur la question des « thérapies de conversion » et après s’être entretenu avec Madame la Députée Laurence Vanceunebrock ainsi qu’avec diverses associations et collectifs comme Rien à Guérir, nous avons décidé de participer à la campagne de sensibilisation visant à faire interdire ces pratiques.

Les intervenant.e.s :

  • Laurence Vanceunebrock est députée de la deuxième circonscription de l’Allier. Depuis plus de deux ans, elle travaille sur une proposition de loi visant à interdire les « thérapies de conversion ». Elle tente aujourd’hui de l’inscrire à l’agenda parlementaire afin que la proposition soit discutée et votée à l’Assemblée nationale.
  • Jean-Michel Dunand est un rescapé des « thérapies de conversion ». Jeune, il découvre sa foi en la religion catholique et prend conscience de son homosexualité à l’adolescence. Il est divisé entre son homosexualité et la position de l’Église sur cette question. Au début des années 2000, il fonde la Communion Béthanie, une fraternité de prière au service des personnes homosensibles et transgenres avec la volonté de faire évoluer le regard de l’Église sur ces questions. En 2011, il publie aux éditions Presses de la Renaissance un livre coécrit avec Vivianne Perret, intitulé Libre, de la honte à la lumière, dans lequel il témoigne des obstacles qu’il a affrontés dans la société et dans l’Église pour réussir à assumer son homosexualité et à vivre pleinement sa foi. Aujourd’hui, il est animateur en pastorale scolaire dans un lycée catholique à Montpellier et membre du collectif Rien à Guérir.
  • Gaëlle est une jeune femme transgenre, issue d’une famille évangélique d’Île-de-France, qui a subi des « thérapies de conversion » pendant trois mois. Rescapée de ces « thérapies », elle est aujourd’hui membre du collectif de victimes Rien à Guérir, fondé en 2020. Gaëlle utilise aussi la visibilité qu’elle a trouvée sur les réseaux sociaux pour alerter sur les dangers de ces pratiques qui détruisent des vies.
  • Ludovic-Mohammed Zahed est un imam revendiquant son homosexualité, et chercheur en sciences humaines et sociales au CALEM Institut. À l’origine de la création de la première mosquée inclusive de France accueillant les personnes LGBTQI+ musulmanes, il est également fondateur des Homosexuel(le)s musulman(e)s de France (HM2F), une association LGBT française d’accueil et d’accompagnement des personnes musulmanes gays, lesbiennes, bisexuelles et transgenres.

Que sont les « thérapies de conversion » ?

En France, les « thérapies de conversion » couvrent un spectre très large de pratiques, que l’on peut classer selon qu’elles soient d’inspiration religieuse, médicale ou sociétale. Elles visent à changer l’orientation sexuelle ou le genre d’une personne de l’homosexualité ou de la bisexualité à l’hétérosexualité et de la transidentité à la cisidentité. Ce raisonnement implique une perception de l’homosexualité et de la transidentité comme des maladies qu’il conviendrait de guérir.

Depuis 1990, l’homosexualité est retirée de la liste des maladies mentales de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Il faudra attendre aussi tard que 2019 pour qu’elle en fasse de même avec la transidentité, sous le terme d’« incongruence de genre », décision qui prendra effet au 1er janvier 2022. 

Aujourd’hui, seulement l’Albanie, l’Allemagne, le Brésil, la Chine, Malte, la Suisse, certaines provinces canadiennes et certains États américains ont interdit les « thérapies de conversion », bien qu’uniquement pour les mineur.e.s pour certains de ces pays. La France, elle, fait partie des quelques pays ayant déposé une proposition de loi visant à les interdire. Ce premier pas reste cependant à l’état stationnaire depuis plusieurs mois. La nécessité d’interdire les « thérapies de conversion » a été rappelée à de nombreuses reprises par différentes associations, notamment le collectif de victimes de ces pratiques, Rien à Guérir. Pourtant, et nous y reviendrons, la proposition de loi n’a, à ce jour, toujours pas été programmée à l’agenda parlementaire. 

Première partie : la nécessité de pénaliser les « thérapies de conversion »

Vous entendrez tout d’abord les témoignages de Jean-Michel Dunand et de Gaëlle, qui, à l’heure actuelle, n’ont pas porté plainte.

La création d’une loi est la première étape nécessaire pour mettre fin aux « thérapies de conversion » puisqu’elle permet aux victimes de ces pratiques de porter plainte et de se voir accorder ce statut. Un travail reste cependant à faire au niveau de la société et des institutions religieuses afin que ces pratiques cessent. 

Les prises de position sont en effet assez rares au sein des institutions religieuses : elles peuvent être mal accueillies, voire taboues. Certaines communautés religieuses extrémistes instrumentalisent en conséquence le flou autour de la transidentité et de l’homosexualité au sein des textes sacrés.

Deuxième partie : l’homosexualité et la transidentité dans les religions

Témoignages

Dans cette partie de la conférence, trois des invité.es reviennent sur leur parcours de vie, la découverte de leur identité et les réactions de leur entourage.

La position des institutions religieuses face aux « thérapies de conversion »

Les différent.e.s intervenant.e.s nous expliquent les positions des différentes religions, en particulier la religion catholique et l’Islam, vis-à-vis des « thérapies de conversion » et plus largement, la perception de l’homosexualité et de la transidentité. Ludovic-Mohammed Zahed nous apprend notamment que rien dans le Coran ne condamne l’homosexualité et la transidentité. Pour ce qui est du catholicisme, Jean-Michel Dunand explique que la communauté des évêques de France ne condamne pas, de façon publique, les « thérapies de conversion ». Il y a une grande attente d’une condamnation transparente et officielle. De la même façon, pour changer le regard porté sur l’homosexualité (et la transidentité dans une plus large mesure) dans la religion, il est nécessaire de changer l’enseignement du catéchisme concernant le paragraphe sur l’homosexualité, c’est-à-dire les articles 2357, 2358 et 2359, qui la décrivent comme une « épreuve », une « dépravation grave » à affronter et dont la solution pour atteindre la « perfection chrétienne » se trouverait dans « la chasteté ». Le Pape François, sur la question de la peine de mort, a fait changer l’article, donc il y a de l’espoir pour qu’il soit fait de même concernant l’homosexualité.

Les intervenant.e.s sont donc globalement optimistes et ont de l’espoir pour que les choses changent et que les institutions se positionnent clairement contre les « thérapies de conversion ».

Le conférence se termine sur une session de questions-réponses en interaction avec les internautes.

GROW remercie une nouvelle fois nos quatre invité.e.s pour leur temps, leurs réponses et leur combat.

Nous espérons pouvoir vous retrouver très bientôt pour un nouvel événement !

Pour aller plus loin :

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