Au lendemain de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 dont on ne peut nier la splendeur, une question subsiste toutefois, celle de l’égalité dans le sport. Ou, plus précisément, celle des discriminations. Moins assumées qu’autrefois, elles sont néanmoins toujours présentes, sous diverses formes. Sans nier les autres types de discrimination, nous nous concentrerons aujourd’hui sur le sexisme dans le sport.
Alors que l’objectif recherché par la cérémonie d’ouverture et par la pratique sportive en général semble être l’inclusion et le bien-être, cela reste bien différent en pratique.
Théoriquement, femmes et hommes peuvent accéder aux mêmes sports. Mais ceci reste seulement théorique et laisse apparaître une nouvelle question : la place des personnes transgenres et non-binaires dans les compétitions. Un sujet qui a fait polémique à maintes reprises, particulièrement en raison de supposés avantages physiques de personnes ayant vécu une « puberté masculine ». Par ailleurs, le sujet des vestiaires genrés est trop souvent un frein à la pratique sportive des personnes transgenres et non-binaires.
Au-delà de l’accès aux sports, la question du vêtement suscite également beaucoup d’inégalités : les femmes sont systématiquement moins couvertes que les hommes, et leurs tenues restent ancrées dans des stéréotypes de genre ; jupes étant de mise. Nous ne pouvons trouver que trop d’exemples pour illustrer ces propos : en 2021, les joueuses norvégiennes de beach handball devaient porter un bikini deux pièces « échancré », ce pourquoi elles ont protesté. Lorsque les joueuses ont payé une amende de 150€ chacune, soit une sanction de 1500€ imposée à l’équipe féminine par la Fédération européenne de handball après avoir porté un short pour un match, le règlement a changé pour mentionner maintenant des shorts « courts et serrés » dans les tenues féminines. Dans le monde du tennis aussi, les corps féminins sont loin d’être libérés du carcan de la tradition. Serena Williams, joueuse américaine, a été critiquée en 2018 pour avoir porté une combinaison noire intégrale, jugée irrespectueuse par Bernard Giudicelli, alors président de la Fédération française de tennis. Comme le dit Béatrice Barbusse, autrice Du sexisme dans le sport, dans un entretien accordé à La Croix en 2018 : « soit elles ne sont pas suffisamment habillées, soit elles le sont trop ». La problématique de la tenue vestimentaire est à l’intersection des discriminations entre sexisme et racisme : le 29 juin 2023, le Conseil d’État a rendu une décision autorisant les fédérations sportives à limiter la liberté de porter des signes religieux afin de « garantir le bon fonctionnement du service public et la protection des droits et libertés d’autrui ». En réaction à cette décision, Thomas Dossus, sénateur écologiste du Rhône, a regretté le « risque d’exclusion contraire à la vocation émancipatrice du sport ».
Persiste aussi dans le domaine sportif un type de discrimination touchant à la représentation : la visibilité médiatique. En effet, selon des données de 2021 collectées par l’ARCOM, 74% des heures consacrées au sport à la télévision montrent des sports uniquement masculins, contre 21% mixtes et seulement 4,8% de sport féminin.
Les stéréotypes de genre occupent aussi une place importante dans les discriminations au sein du monde du sport, critiquant souvent les physiques d’athlètes féminines et les accusant d’être trop « masculines ». Elles sont souvent contraintes à un équilibre précaire entre des accusations de « virilisation » de leur corps, et une image manufacturée et attendue d’elles comme « objets de séduction ».
Le sport étant un vaste domaine, les discriminations ne s’arrêtent pas au sexisme. Racisme, homophobie et autres formes de préjugés ont aussi une place cruciale dans le monde du sport, impactant de nombreux.ses sportif.ve.s chaque année. Ceci s’explique notamment par le fait que le sport représente la société internationale dans son ensemble, et reflète donc les inégalités présentes au sein de chaque pays. La scène internationale en général et le monde du sport en particulier ont donc encore un long chemin à parcourir pour réduire et supprimer les discriminations, y compris celles fondées sur le genre et le sexe, même si on peut noter des progrès dans certains cas, comme dans le rapport du monde sportif au handicap notamment dans le cadre des Jeux paralympiques.